La BCE délègue ses rachats d'actifs aux autres banques centrales
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Après les effets d'annonces ayant inondé les media depuis deux semaines, la BCE a aujourd'hui officiellement annoncé qu'elle rachètera les dettes souveraines qui empoisonnent le bilan des établissements financiers européens, à concurrence de 60 milliards par mois, sur une période qui s'étale de mars 2015 à septembre 2016.
Dans les faits, en observant l'évolution du pied de bilan de la BCE depuis la mi-décembre mois, l'on constate que ce rachat massif d'obligations est déjà venu le gonfler de 130 milliards...
Rappelons que les statuts de la BCE interdisaient ces rachat d'actifs jusqu'en 2011 où, déjà, l'on parlait d'avoir sauvé la Grèce, l'euro, etc. Initialement, la BCE ne pouvait que prêter de l'argent (de la véritable monnaie, pas celle qui, depuis lors est créée ex nihilo) en acceptant ces dettes en collatéral.
Intéressant de noter que, dans le programme de rachat d'actif, la BCE ne consent à racheter que 20% des montants évoqués, en dette souveraine (12 mia/mois), les autres 80% étant à racheter par...les différents banques nationales ! La Banque de Grèce rachèterait ainsi de la dette grecque, la Banque d'Italie de la dette italienne, la Banque de France rachèterait les positions perdantes des banques françaises, etc etc probablement pour ensuite mieux mutualiser les pertes sur les contribuables de chaque pays.
Faut-il y voir une pression de l'Allemagne, actionnaire principal de la BCE avec 26% des parts, devant la France (20%), l'Italie (17%) et l'Espagne (13%) ? Ou une dislocation de l'unité monétaire européenne ? Nous suivrons ceci avec intérêt.
Qui détient la dette grecque ? (update)
La confiscation de l’économie des épargnants chypriotes, toujours durant le week-end, est encore dans tous les esprits. Les Grecs ont retiré 3 milliards d’euros de leurs comptes sur le seul mois de décembre 2014, lançant par là un bank run.
Mises à mal par ces retraits massifs, deux banques grecques auraient déjà demandé à être secourues par le « Emergency Liquidity Assistance » de la BCE. Encore une occasion manquée d’enfin avancer dans la liquidation de cette crise en les laissant tomber en faillite.
Nous n’osons pas imaginer la conséquence supplémentaire de l’abandon du soutien de l’euro par la BNS, annoncé hier – le CHF s’est apprécié de 20% en un éclair, passant de 1.20€ à 1€ ! – et l’annonce de certaines faillites ou mises sous tutelle de certains brokers, comme FXCM, sur ces banques grecques.
Alors, pour mettre à jour ce bilan de 07/2011, passons en revue ceux qui détiennent la dette grecque, victimes de premier rang en cas de défaut et sortie de la zone euro de ce pays – scenario auquel nous ne croyons pas, toujours convaincus que c’est par une sortie de l’Allemagne qu’une solution peut être trouvée -
Les banques allemandes ont 23.5 mia € d’exposition à la Grèce, principalement captée par la banque KfW, qui détient à elle seule ..15 mia d’actifs grecs. Commerzbank et Deutsche Bank suivent de loin avec respectivement 400 et 300 millions.
En France, le Crédit Agricole déclarait en 2014 avoir 3.5 mia€ d’exposition hellénique. BNP Paribas détient 2.0 mia € en dette et actifs grecs.
Fusions-Acquisitions : de retour à des plus hauts en 2014
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En cette fin d’année, et comme nous suivons de près cet indice avancé de l’euphorie des dirigeants et donc d’un point de sortie sur les marchés,nous apprenons que le montant global des opérations de fusions et acquisitions s’est élevé à 3.270 milliards de dollars. C’est une hausse de 40% par rapport à 2013.
Rappelons l’évolution de cette tendance :
2007 : 4'980 mia USD
2008 : 3'000 mia USD
2009 : 2'200 mia USD
2010 : 2'850 mia USD
2011 : 2'750 mia USD
2012 : 2'500 mia USD
2013 : 2'393 mia USD
2014 : 3'270 mia USD
L’on fait directement le lien avec l’évolution des marchés financiers pour les périodes concernées.
Le graphique présente ci-dessus le parallélisme entre l’indice mondial des marchés Bloomberg (trait blanc) et la ligne jaune qui retrace l’évolution de la valeur totale des opérations de fusions-acquisitions.
Notons aussi le redémarrage à la hausse des opérations hostiles, où l’escalade des enchères, - comme on le voit actuellement pour le Club Med - se fait souvent à des valorisations déraisonnables.
Baisse du pétrole : son impact sur le PIB des producteurs
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Ceci, c'est le cours du baril de pétrole américain, de retour vers ses plus bas à 5 ans, lorsque l'explosion de la mèche inflationniste avait annoncé les "printemps arabes" de 2010.
Et maintenant, selon une très sérieuse étude d'UBS l'impact d'une baisse durable de 10 USD par baril en termes d'impact sur le PIB..
Ouch, coup de bambou pour les principaux producteurs, mais vecteur de croissance indirect pour les pays importateurs :
Décroissance de -1.4% pour la Russie, déficit 3 fois plus que celui de ses poursuivants directs, les Emirats et les membres de l'Opep. L'on réalise par ailleurs l'importance de l'exploration pétrolière sur l'économie norvégienne, qui souffrirait d'une perte de -0.4% de PIB, et l'influence d'une baisse du prix du baril sur les frais d'acheminement et d'approvisionnement vers des terres insulaires comme les Philippines..
Banques centrales : l’aveu d’impuissance
Nous avons eu droit la semaine dernière à une sortie de Mario Draghi, président de la BCE, qui par une nouvelle joute par les mots a promis à Monsieur le Marché de tout faire pour relancer l’inflation. En assénant ce discours, il reconnaît implicitement que le combat statutaire contre l’inflation que mène la BCE depuis sa création est inutile , la déflation étant beaucoup plus meurtrière que l’inflation.
Au Japon, empêtré dans la déflation depuis 20 ans, la banque centrale est toujours à la recherche du graal pour relancer une économie moribonde. Ils ont beaucoup d’avance sur nous, car ils ont déjà testé tout ce que l’on nous promet comme salutaire : la culture des déficits (prônée par moult gouvernements européens) est parfaite, la dette publique (pourtant en circuit presque étanche, car détenue à 95% par les Japonais) atteint 227% du PIB, les rachats d’actifs fictifs ont plus que doublé le pied de bilan de la banque centrale en 18 mois, les taux d"intérêts directeurs sont proches de zéo depuis 2009, et la énième « politique de relance » prônée par Shinzo Abe a fait en sorte que l’impression de monnaie sans aucun collatéral atteigne..15% du PIB. Un montant abyssal pour une « relance de l’économie » illusoire sur un sol conjoncturel mort. Les bilans de la Fed et de la BCE montrent un effort de relance équivalent à respectivement 6 et 4%, et déjà le moteur de la reprise tourne haut dans les tours pour ne fournir que quelques tours de roues.
Le Japon a néanmoins pour lui un faible taux de chômage, 3.5%, alors qu’on le calcule à 11.5% dans l’Union européenne. La course à la relance risque de tourner court en Europe.
Donc, les Japonais ont tout testé avec une ardeur inouïe et quand même, voilà qu’ils retombent en récession…
La mondialisation des discours bien réfléchis de la relance par l’aide monétaire, du soutien de l’économie, de la relance par les déficits, perdent leur sens.
Alors, il nous paraît utile de signaler qu’il est illusoire de croire que la fuite en avant occidentale peut durer 20 ans puisque le Japon est lancé dans ce contre-la-montre depuis tout ce temps.
Une fois que le Japon va s’avouer vaincu, faire défaut pour restructurer sa dette (227% du PIB), se recentrer sur sa propre économie pour retrouver ses marques et rechercher la croissance sur une base plus modeste, ce sont tous les pays économiquement liés au Japon qui s’effondreront d’un seul coup, ensemble. Il n’y aura pas 20 ans entre ces deux événements similaires. Alors, 2015 ou 2016 ?
OPA en cours, placement gagnant ?
Nous sommes toujours à l'affût de l'évolution du marché des offres publiques, depuis que l'on y a trouvé un indice de saturation des marchés .
Depuis plusieirs mois, ces OPA/OPE reprennent de plus belle, sont pour la plupart monnayées en cash, autant de raison qui tempèrent les mouvements d'enthousiasme.
Néanmoins, quelques anomalies de marché se présentent à nous, offrant un rendement presque immédiat (les offres étant annoncées ou en cours), et bien meilleur que ce que procurerait une rémunération d'épargne.
De cette manière :
- Bolloré lance une OPA sur Havas, 9 BOL(après division par 100) rémunèrent 5 Havas. Au cours actuel de 6.696, Havas est en retard de 3.9% sur le prix de l'offre. Deuxième levier de hausse : Bolloré a souffert d'une désaffectation du marché eu égard au virus Ebola qui se propage en Afrique, sa terre d'exploitation, et est redevenu bon marché pour le moment.
- Prologue (1.65€) offre 3 titres pour 2 actions O2i. Au cours de 2.26€, O2i se négocie avec un rabais de 9.5% sur le prix de l'offre
- Banque de la Reunion (BQRE) fait l'objet d'une offre à 142.60€, et ne cote qu'à 136.21€. Belle anomalie qui offre un rendement de 4.7%
- Crown Van Gelder (CVG) aux Pays-Bas se fera racheter en janvier pour 5.50€ par action par une société concurrente autrichienne, Andlinger. Elle se brade en bourse à 5.30€. Décote "immédiatement récupérable" : 20 cents, soit 3.8% sur deux mois.
- Enfin, last but not least, l'OPA sur Visiodent par sa maison-mère vient de se terminer au prix de 1.80€ par action, qui n'a réussi à collecter que 86% des titres, et donc s'empêche de pouvoir "sortir" les petits actionnaires. On voit mal, même si c'est à terme, cette société rouvrir son offre en-dessous du prix proposé. A 1.56€, il y a un rendement de 15.38% à prendre.
En somme, il n'y a qu'à se baisser pour faire fructifier son épargne tranquillement.
Valorisation du marché des délits d'initiés
Selon la très sérieuse étude de Kenneth Ahern, l'initié moyen est âgé de 43 ans, et gagne en moyenne 35% sur ses positions prohibées en trois semaines seulement.
Ce ne sont pas les opérations de fusion-acquisitions qui sont les plus rémunératrices, avec une performance de 14% en 11 jours. Elles se font en effet devancer par les fuites sur l'évolution d'essais cliniques ou l'autorisation de commercialisation de certains médicaments, qui génèrent le plus de profits sous-terrains : 101% sur une moyenne de 9 jours.
Cette étude valorise aussi à 928 millions de USD, les profits occultes extériorisés - souvent dénoncés, jamais punis par la FSMA en Belgique (Bekaert, Fortis, Schouppe et KBC notamment) - entre 2009 et 2013.
Invitation de la BCE à la déflation: actions à prendre en entreprise
En janvier 2012, nous signalions que la lutte statutaire de la BCE contre une inflation supérieure à 2% était malsaine et précipiterait l’économie européenne en récession longue. Il semble que ce combat n’ait plus de raison d’être aujourd’hui puisque le BCE a fait le lit d’un environnement déflationniste. Les dernières statistiques montrent une inflation à la croisée des chemins, à 0.3%
La déflation, c’est donc le pire des scénarios pour l’économie des entreprises, avec :
des consommateurs qui attendent avant d’acheter puisque les prix baissent continuellement,
des stocks d’entreprises réglés à la baisse puisque les réflexes d’achats sont différés,
des marges en recul puisque l’on produit avec les coûts d’aujourd’hui ce que l’on vendra moins cher demain,
des résultats financiers très en recul impactés par un différentiel de taux très élevé entre le taux réel des emprunts bancaires et le taux nominal auquel empruntent les banques, etc
Avec les conséquences que l’on imagine sur l’emploi et les faillites d’entreprises.
Que doit dès à présent faire le dirigeant pour appréhender ce scénario qui lui arrive ?
- Analyser l’opportunité de vendre ses actifs immobiliers, pour refaire de la trésorerie, grande gagnante d’un univers déflationniste, et les reprendre en location, puisque les loyers indexés ont toutes chances de baisser à l’avenir ;
- Gérer le stock en flux tendu, et surtout changer la méthode d’évaluation du stock, pour privilégier le LIFO, par lequel la valorisation du stock se fera à un prix décroissant, préservant les marges ;
- Renégocier et tenter de rallonger le remboursement de la dette existante, puisque l’argent perdra de la valeur au fur et à mesure du temps ;
- Contracter de nouveaux emprunts à taux variable, et oublier la notion de taux fixe
On le voit ,l’actif du bilan va tendre à devenir très court-termiste, très liquide, pour se présenter comme une pyramide inversée, avec peu d’immobilisations, un stock moyen, des créances que l’on espère maintenues, puis beaucoup de trésorerie.
Indicateurs Markit : signes de récession
L’indicateur composite de Markit, qui donne une idée des perspectives d’activité, de la confiance qu’ont les entreprises européennes dans le retour à la croissance qui retrouvait des couleurs depuis le début de l'année, recule à nouveau depuis 2 mois.
Entre fin août et fin septembre, les deux économies européennes les plus dynamiques, l’Irlande et l’Espagne (tiens, les deux pays présentés comme faibles en 2008 et qui ont, eux, laissé l’économie jouer en laissant tomber certaines de leurs banques) sont passées de 61.8 et 56.9 d’indice de confiance, à respectivement 60 et 55.3. L’Allemagne suit à 54.1.
La France et l’Italie terminent le peloton avec des indices de récession : 49.5 en août pour la France, pour 48.5 en septembre, l’Italie passant de 49.9 à 49.5.
Faisceau concordant, la BCE qui était prête le 18 septembre à « offrir » 400 mia € à taux 0% aux banques si et seulement si cet argent était réinjecté dans les prêts aux entreprises, et non dans les kits de survie des établissements financiers, n’a trouvé preneur que pour 82.6 m€.
Pour les banques, l’essentiel de l’économie est ailleurs que dans les entreprises, et surtout réinjecter de l’argent ainsi reçu gratuitement dans l’économie serait source d’inflation, qui détériorerait davantage et très rapidement leurs bilans.
Agir comme ceci, c’est le choix unilatéral de rester dans un cycle déflationniste.
Banques : actualisation du ratio fonds propres/en-cours
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Pour faire suite à la saison des résultats 2013, nous avons remis à jour l’examen basique des fonds propres des banques cotées.
Rappelons en prélable que les accords de Bâle III prévoient des fonds propres « durs », composés uniquement d’actions et de bénéfices mis en réserve, de 7%. Ces nouveaux ratios ont été décrétés en mars 2010, depuis quatre ans, donc.
Malgré que Bâle III permette malgré tout toutes sortes de reclassements au niveau des fonds propres pour embellir ce ratio, nous préférons les analyser par voie classique, pour ne pas nous éloigner du bon sens paysan.
Quoi de plus important en effet, que de tester la solidité des banques par la mise en équation des fonds propres et leur passif, presque entièrement constitué des en-cours clients. De la sorte, l’on se rend mieux compte qu’un ratio de 1% met la banque en faillite – ou malheureusement plutôt sous tutelle du contribuable - lorsqu’elle essuie une perte de 1% sur un client déficient.
Le tableau qui suit met à jour celui publié en 2012.
Globalement les fonds propres des banques s’améliorent, excepté faite de Natixis (où la nomination du PDG est politique) et du Crédit Agricole.
Sans surprise, c’est KBC qui reste la plus solide des banques dites classiques, mais qui n’atteint toujours pas, selon les critères de 2010, les 7% nécessaires à la réussite de « stress-tests » qui seraient évalués correctement.
Si Dexia s’expose à 1.78% de risques, elle gomme l’entièreté de ses fonds propres, reconstitués avec ardeur et des augmentations de capital. Et avec 23 mia€ d’instruments de couverture à son passif (10% du total !), il pourrait encore y avoir des surprises.
Et comme pour faire la nique aux grandes banques, c’est une banque en ligne qui remporte ce test haut la main. Boursorama : 13.12% de fonds propres. Comme quoi, ces e-banques, décriées par les traditionnelles ( qui sont tellement sûres qu’elles offrent du service aux clients et que c’est par ce biais qu’elles sortiront de l’ornière ), ont de beaux jours devant elles.