Taux négatifs au Japon
Des économistes japonais proposent – pour sortir de la spirale déflationniste - d’instaurer des taux négatifs, ce qui passerait par une suppression de toute la monnaie qui circule et donc de l’épargne rémunérée positivement. Voir cet article
Le Japon a vécu une décennie avec des taux fixés à 0%, qui n’ont pas réussi à relancer l’économie. Ces taux sont donc encore trop élevés à l’heure actuelle et une marge de manœuvre de 5% à la baisse serait donc salutaire.
Nous avions vu précédemment qu’une banque centrale a deux options pour relancer une économie : baisser les taux et arroser le marché de liquidités. Ce qui n’a pas suffi à faire rebondir la consommation. Lorsque ces deux options ont été massivement utilisées, il faut donc faire preuve de créativité supplémentaire, en déplaçant les bornes de l’interventionnisme.
Ceci dit, il y a des secteurs comme les technologies dont les prix de vente sont déflationnistes tandis que les coûts de recherche et développement sont sans cesse croissants, dont on peut deviner qu’ils vont souffrir de cette éventuelle mesure.
Bonbons, caramel, esquimaux...et or
La société allemande TG Gold Supermarkt a prévu d’installer à terme 500 distributeurs d’or physique dans des lieux publics tels que aéroports, gare, métro etc. L’on trouverait donc à côté des distributeurs de barres chocolatées ou autre boissons, des grammes d’or à prix déterminé chaque jour..
Outre le côté burlesque de cette opération, il faut se rendre compte que le cheminement de la conversion de monnaie fiduciaire en or physique pour se protéger d’une inflation galopante, qui ferait suite à la période de déflation que nous entamons, dans les 3 à 5 ans à venir a fait son chemin.
leur business plan ne tient probablement pas compte du fait que les ressources d ‘or ne sont pas infinies, et que les banques centrales ne pourront pas démultiplier cet actif - contrairement aux devises - en faisant tourner une « planche à or » par laquelle elles créeraient de l’or en échange de bons du Trésor ou autres papiers prétendument sûrs.
Revoilà les financières
Après une éclipse de plusieurs mois, les financières reviennent sur le devant de la scène.
L’on constate effectivement qu’après ce rally de printemps, leur pondération dans le S&P 500 les replace en seconde position derrière les technologiques, comme avant la crise, en 2008.
En témoigne ce tableau (cfr. bespoke) qui ventile le poids des secteurs dans l’indice :
Peut-on penser que les investisseurs ont la mémoire courte en les revalorisant à ce point rapidement ? Car Il serait quand même très utile de rappeler que les garanties d’Etat mises à disposition des banques se sont effectuées sans dilution de l’actionnariat, et donc des résultats jusqu’à présent. Tout investisseur en valeurs bancaires ne doit pas oublier que le jour où les Etats sortiront du capital de ces banques – cet actionnaire coûte très cher aux banques - la plupart des banques européennes devra faire appel au marché, qui se fera, lui, avec une dilution importante, puisqu’il y aura alors création de nouvelles actions représentatives du capital de ces établissements.
Le spread marché-conjoncture
La crise financière n’est pas encore achevée, lorsque l’on constate que le nombre de crédits hypothécaires à risque (subprime, Alt-A, et autres) ne commencera à se tarir que vers la mi-2011
Nous pourrions nous demander pourquoi alors le Baltic Dry Index, indicateur avancé de la conjoncture, dont nous avons déjà parlé, en est à son 31° jour de hausse consécutif…
D’une part nous avons donc de l’affrètement qui reprend de la vigueur, du transport maritime qui entretient l’espoir d’une reprise économique et d'un retour à une conjoncture favorable.
Et d’une autre part, nous avons la réalité économique, avec notamment :
§ General Motors en faillite, mais sans impact sur l’enthousiasme des marchés financiers ;
§ l’ONU qui revoit ses prévisions économiques mondiales à la baisse ;
§ Le taux de chômage en Europe qui s’établit à 9.2%. Notons les 18.1% de l’Espagne –le risque du pays n’est plus couvert par les assurances-crédits - ou la France qui s’octroie une hausse jamais vue de 1.1% en un trimestre pour s’établir à 8.7% ;
§ L’Europe au bord de la déflation, avec une inflation annoncée à 0.0% au mois de mai
- Un contraste certain aussi entre la valorisation du minerai de fer, à des sommets, tandis que les sociétés sidérurgiques, Mittal en tête, ne cessent de réduire leur capacité de production.
- Un USD en perdition, avec un effet mécanique de hausse de l’or et du pétrole. Avec des reprises d’OPA sur les pétrolières – toutes les matières premières sont devenu des alternatives à une monnaie faible - , notamment cette rumeur d’offre sur Dragon Oil, une des pétrolières les plus décotées eu égard à ses réserves, et qui avait déjà effectué une formidable performance boursière ces derniers mois.
Il ne faut donc probablement voir dans cette hausse du Baltic Dry Index qu’un faux signal de reprise, les entreprises ayant vécu jusque récemment sur leurs stocks, et se réapprovisionnant actuellement, probablement de manière prudente, pour obtenir des flux moins tendus, mais restant prudentes.
Le rebond boursier en cours risque néanmoins de se prolonger - comme mentionné dans un article précédent – quelques semaines encore. Les volumes de transactions sont en effet à la hausse depuis quelques semaines.
Les opérateurs qui ont raté le train de la hausse de mars vont probablement saisir l’opportunité qui se présente pour continuer à entrer prudemment dans un marché haussier technique. L’épaississement ou la diminution de ces volumes de transactions est à suivre.
Enfin, les EMA 13 et 34 sur le Cac40 ont montré un fléchissement la semaine dernière, mais un croisement à la baisse n’est pas encore détectable.