Statistiques du BEA : de bon augure pour 2010 ?
Le Bureau of Economic Analysis vient de publier pour le troisième trimestre 2009 des statistiques intéressantes relatives aux entreprises américaines.
Il en ressort que les résultats d’exploitation des entreprises américaines ont augmenté de 132 Mia USD au troisième trimestre, contre une augmentation de presque 44 Mia au trimestre précédent.
Plus indicatif, le cash-flow des entreprises, leur capacité à gagner de l’argent ,marque un retour à la hausse, avec un accroissement de 28.4 Mia USD au troisième trimestre, contre une baisse de 30.5 Mia USD au second.
Il faut probablement y déceler les premiers impacts positifs des plans de restructuration et de recentrage sur leur core-business des entreprises, qui ont fait l’objet d’annonces multiples et ont été déployés ces derniers mois.
La meilleure nouvelle est que le cash-flow des entreprises rapporté au PIB américain n’a jamais été aussi élevé qu’à l’heure actuelle. Et que par conséquent les actions américaines n’ont jamais été aussi bon marché de ce point de vue.
L’on comprend bien que c’est surtout la baisse du dénominateur, le PIB US, qui embellit ce ratio, mais son évolution est encourageante, car cette statistique tendrait à prouver qu’ il est clair que le marché a touché le fond bien avant une embellie économique.
Comme le cash-flow est une composante économique en matière de fusions et acquisitions, nous pourrions assister à un grand retour de ces opérations en 2010. Si les banques prêtent.
Pour 2010, fidèle aux idées développées ici ces derniers mois, nous privilégierons les valeurs qui offrent un rempart contre l’(hyper)inflation (engb, smtpc, aprr, autostrade, or physique etc) et éviterons soigneusement tout investissement en obligations d’état ou autre obligations à taux fixe et durée longue.
Belle année à vous tous.
Des nouvelles de l’économie anglaise
Lloyds Bank lance un emprunt à un taux de 12% pour attirer le chaland. Au final cet emprunt de USD 2 Mia lui coûtera 3.6 Mia…Qui veut encore souscrire ?
Le deleveraging est entamé pour HSBC, probablement la banque la plus exposée au défaut de Dubaï, qui vend ses immeubles parisiens après avoir vendu les semaines précédentes ses immeubles de Londres et de New-York . La course au cash est entamée.
L’on prévoit 27.000 faillites d’entreprises anglaises en 2010, contre 19.395 à l’heure actuelle pour 2009 – déjà un record – et une évolution aux mêmes niveaux élevés pour 2011
Et l’on apprend enfin que la dette publique anglaise s’élève à 845 Mia GBP, que le seul paiement des intérêts de cette dette correspond sur base annuelle au double de l’enveloppe budgétaire de la défense, et que le ministre des finances a de plus en plus de mal à cacher ces vérités en étant toujours forcé à faire appel à plus de dette.
Soyons sérieux, qui se risquerait encore à acheter du GBP ou des obligations émises par le Trésor anglais ?
Ben Bernanke "man of the year"...
Ce qui n’aurait pas dû arriver est arrivé : Ben Bernanke a été élu homme de l’année par le magazine « Time ».
Voilà donc un homme récompensé pour avoir « géré une crise sans précédent avec succès ».
Remettons les choses dans leur contexte : la Fed n’a sauvé personne, et certainement pas l’honnête épargnant.
Elle n’a fait qu’inonder le marché de liquidités qu’elle a fait imprimer sans contrepartie afin que la mécanique ne se grippe pas, en plus d’agir sur les taux et de faire plonger le déficit américain. C’est ce que la Fed a toujours fait en cas de crise, répétant en 2008 et 2009 ce qu’elle avait déjà opéré comme manœuvre dans le courant des années 90 et sa crise asiatique, et lors de l’explosion de la bulle internet en 2001.
Agir sur les taux et ne pas laisser les marché se réguler seuls en invitant les banques à emprunter à des taux proches de 0% et reprêter cet argent à du 5 ou du 6% pour permettre aux établissements financiers de se reconstituer des marges dans l’urgence, avec de dangereux conflit d’intérêts, puisque nous avions vu précédemment que la Fed est détenue par les banques elles-même…
Bref, il reste à espérer que le « Time »se rende compte qu’il fait une erreur en honorant un spoliateur, qui a mis au tapis plusieurs générations à venir en leur dérobant, et ajoutant à leur dette, les 2.000 Mia USD qu’il injectés dans le circuit en moins d’un an.
Ce ne serait pas la première erreur de jugement du « Time » ; rappelons qu’en 1938, Adolf Hitler avait reçu le même titre, que Staline précède aussi Bernanke (couronné 2 fois ( !) en 1939 et 1942), et que l’Ayatollah Khomeiny est aussi passé par ces honneurs en 1979..
La liste complète des lauréats se trouve ici.
Grèce en faillite, Europe en sursis ?
Allons donc, la Grèce est au bord du gouffre avec un endettement de 125% du PIB à l’horizon 2013, et une dégradation de sa note par Fitch, qui passe de A- à BBB+, et pourrait être le prochain Etat à faire défaut. C’est un risque que nous avions signalé en décembre 2008, mais qui ne semble aujourd’hui troubler ni les marchés, ni le monde politique.
Conséquence de cette dégradation, qui rend l’émission d’emprunts publics plus chère, le premier ministre grec George Papandreou a annoncé un plan radical pour sauver son pays, qui passe notamment par une réduction des dépenses publiques, une diminution du nombre de fonctionnaires, une série de nouvelles taxes (notamment..90% sur les bonus), des ventes d’actifs appartenant à l’Etat, et un sabrage de 20% dans les dépenses de santé.
Pourtant, il est probable que tous les gouvernements européens – sauf peut-être l’Allemagne et la République tchèque – passeront tôt ou tard par la même étape, et seront forcés de déclamer le même train de mesures à leurs concitoyens.
Le FMI prévoit en effet une radicalisation de cette dette : l’endettement des pays du G20, qui était en moyenne de 78% du PIB en 2007 passera à 118% en 2014, un taux proche de celui qui a mis la Grèce en défaut.
L’Irlande, l’Espagne et l’Angleterre passeront-elles ce cap sans difficultés ? Pas de toute évidence en analysant le peu de ressources et de marges de manœuvre dont elles disposent. A suivre, donc.
Toujours gagnant à long terme en bourse, une idée reçue ?
Il est une idée qui circule beaucoup et qui, globalement, caractérise le choix d’un investissement boursier au meilleur qui soit car « un investisseur en actions est toujours gagnant à long terme, donc à plus de quinze ans ». C’est aussi le credo de bon nombre de conseillers en placement, qui négligent le plus souvent de coupler un timing adéquat à ce « conseil », afin de lisser leur volume de vente – et donc leurs commissions- dans le temps.
Si cet adage était souvent vérifié jusqu’au cœur des années 1990, deux bulles, une complexification et un excès de confiance des marchés ont fait en sorte que nous venons de perdre au moins une décennie boursière.
L’investisseur japonais, par exemple, qui aurait investi en actions « pour le long terme » en 1989, peu avant l’entrée en déflation de ce pays, a perdu les trois quart de son investissement 20 ans plus tard. En déduisant l’effet de l’inflation, sa performance est encore plus médiocre.
Pire, il n’a jamais eu l’occasion de voir son portefeuille en plus-value latente une seule fois au cours de ces 20 ans.
De même partout ailleurs, mais sur une durée à l’heure actuelle moins longue.
L’investisseur français ou américain par exemple qui a acheté un tracker sur son indice national en 1999 – et donc avant la bulle internet - n’a, 10 ans plus tard, pas l’occasion d’acter la moindre plus-value sur son portefeuille, et de nouveau sans compter l’érosion monétaire.
Il y a donc des périodes où l’investissement en bourse – en tous cas sur les big caps, les actions présentes dans les indices - doit être déconseillé, car il est soumis à des cycles, comme tout autre actif – à la fin des années 90, les banques centrales n’ont jamais vendu autant d’or alors qu’il était à son plus bas, autre erreur de timing, sur le cycle de l’or cette fois. Le cycle des actions doit probablement être lié aux taux et à l’endettement des Etats.
De 1999 à 2008, les banques centrales, en baissant leurs taux, étaient adeptes du crédit facile et de cette «relance par le crédit » qui leur était si chère et dont on prend la mesure de l’ampleur aujourd’hui, maintenant qu’ils n’ont pas d’autre alternative que de laisser les taux à un niveau trop bas.
En 1999 aussi, les USA et la majorité des Etats européens cumulaient une dette énorme, que les politiciens ont pour la plupart essayé de réduire au cours des années 2000, jusqu’à la fin 2008, lorsqu’ils se sont laissé submerger par cette vague de l’endettement, n’ayant d’autre alternative pour sauver le monde financier. Curieux parallélisme.
Pourquoi l'or corrige
La revalorisation de l’or était rapide, très rapide. A un point tel que l’on assistait ces dernières semaines à un envol de ses performances. Si la courbe avait pu progresser à la verticale, elle l’aurait fait..
Et soudain - on s'y attendait un peu - l’or a subitement repris le chemin de la baisse, perdant près de 100 USD en deux jours, sans pour autant remettre en cause son élan haussier.
Pourquoi ? Non seulement l’or était devenu un placement très en vogue, conseillé par toutes sortes de personnes, revues et journaux, même non spécialisés, mais surtout les statistiques du chômage américain, publiées vendredi dernier, ont surpris dans le bon sens : pour la première fois depuis longtemps on a dénombré un recul des destructions d'emplois pour le mois d'octobre. Pas de créations nettes d’emplois non plus, mais plus de licenciements massifs.
Ceci signifie que, dans la mesure où ces signaux se confirment, la Fed pourrait relever ses taux plus rapidement que prévu.
Les investisseurs en carry-trade ont donc pris conscience que le temps ou emprunter gratuitement du USD – les taux de la Fed sont a 0% - pour le vendre au profit d’une devise qui offre un rendement plus élevé, et ainsi faire du bénéfice sur le seul différentiel de taux, est peut-être fini.
La masse de USD vendu a l’heure actuelle est énorme – cf. article précédent - ce qui a affaibli le USD durant les dernières semaines. Le rachat de tous ces USD, si une hausse des taux se confirme, pourrait non seulement faire progresser le USD de manière significative les prochaines semaines, mais aussi induire une certaine volatilité sur l’or dont on aperçoit les premiers signes aujourd’hui.
Ceci dit, je pense que ces corrections sont saines a court terme et permettront à l’investisseur qui a raté le premier élan haussier de pouvoir remonter dans le train de la hausse à meilleur compte d’ici quelques jours ou semaines.
Les traders en devise ignorent provisoirement les menaces de la BoJ
Nous avons assisté ces derniers jours à des déclarations émanant de la Banque Centrale du Japon, mençant d’intervenir sur l marché des changes afin d’enrayer la hausse du Yen (JPY) face au dollar (USD).
Un JPY fort pénalise en effet son économie puisque de ce seul fait les produits qu’ils mettent en vente sont moins concurrentiels sur les marchés d’exportation du Japon.
En théorie, ces menaces d’action sur le devise japonaise pourraient aussi mettre à mal le vecteur de carry-trade du Yen, qui ne deviendrait alors plus la monnaie intéressante dans laquelle les investisseurs peuvent actuellement convertir leur USD acquis à un taux de 0%, et bénéficier d’un différentiel de rendement en les plaçant en JPY.
En pratique pourtant, le dernier « Commitments of Traders Report » établi par la CFTC, et qui référencie les positions spéculatives prises par les traders , ne montre pas de grande inquiétude face à cette menace potentielle.
Effectivement, l’on peut y voir que les spéculateurs du marché des changes ont significativement augmenté leurs positions « short »(vendeuses) sur le USD, lesquelles, à 17.9 Mia USD, se trouvent à un sommet.
Et comme ces spéculateurs ont principalement joué la hausse du JPY face au USD, il s’en est suivi une augmentation des positions longues sur le Yen, les portant à 39% des positions nettes en cours. Un sommet.
L’on peut voir que le marché n’accorde pas encore d’importance à ces menaces de dépréciation du Yen, mais gardons quand même à l’esprit que ce renforcement continu des positions haussières sur le Yen le rend forcément beaucoup plus sensible à un revirement de situation dans la politique monétaire de la BoJ, puisque celui-ci pourrait induire un rebond violent du dollar contre Yen le jour où ces paroles seront mises en pratique.
A noter que la GBP est aussi « attaquée »-l’Angleterre ayant les finances publiques les plus dégradées des grands pays européens, ainsi qu’un endettement hors normes – les investisseurs pariant probablement sur un défaut de paiement de ce pays.
La Suisse interdit la construction de minarets
Ainsi donc, les Suisses ont décidé d’interdire la construction de minarets sur leur territoire, suite à un referendum organisé à la demande d’un parti d’extrême droite.
Voilà que le pays le plus neutre au monde va devoir inscrire cet amendement dans sa Constitution. Et l’on perçoit déjà mal sa réponse aux critiques et menaces qui émaneront inévitablement des pays orientaux.
La crise actuelle, tout comme l’a été celle des années 30 - avec la montée en force du nazisme et du fascisme en Allemagne et Italie, du front populaire en France, etc - , est un terreau fertile au développement de ces idées qui trouvent principalement leur source dans le rejet de l’autre, le retour au protectionnisme, et la recherche de boucs-émissaires.
L'évolution du monde politique européen, et ses éventuelles dérives autoritaires, est à suivre avec attention.