Obama parle, l'océan (de liquidités) se retire
Nous avons assisté vendredi dernier à une première démonstration, à toute petite échelle, du phénomène qui se produira sur les marchés lorsque les mesures de quantitative easing prendront fin. Rappelons que le quantitative easing, mesure prônée par la Fed, consiste à noyer les marchés dans une abondance de liquidités et soutenir de cette manière les places boursières de manière très artificielle sans résoudre le problème principal, l’explosion d’une gigantesque bulle de crédits, toujours latent, et permet de faire passer dans l’esprit collectif que la crise est finie.
Vendredi dernier, le Président Obama a menacé les banques, d’une part de ne plus pouvoir utiliser l’argent collecté auprès de leurs épargnants pour investir dans des actifs risqués et d’autre part de limiter la taille des banques-pieuvres afin qu’une mise en faillite de l’une d’entre elles ne puisse pas avoir d’influence aussi significative que celle de Lehman Brothers en 2008, ou les sauvetages-express de Goldman Sachs et Citibank au même moment.
Et quand il affirme cela - tout en soutenant Bernanke au passage et validant les conseils prodigués par Volker et les autres conseillers de la Maison-Blanche, toujours aux mêmes postes depuis 20 ans, preuve que rien ne change et que le monde politique n’a ni l’inspiration ni l’imagination nécessaire pour faire face à cette crise « d’un autre type » que celles qu’ils ont connues précédemment- la peur prévaut, l’océan de liquidités se retire prudemment, cette marée basse entraînant un petit chaos sur les marchés boursiers .
Probablement pour mieux y retourner dans les prochains jours, lorsque la polémique sur cette prise de position politico-politique, avec des relans de populisme – dès que le peuple trouve une chose honteuse en cherchant des boucs-émissaires (le salaire des patrons, les méchants traders qui sont la cause de tous les maux, les prétendus paradis fiscaux, les bénéfices des banques ( NDLR : grâce à la Fed qui permet encore aux banques d’emprunter à du 0,5% et replacer cet argent en bons du trésor à du 3,75%), les plans de restructuration dans une entreprise bénéficiaire, qui feraient donc mieux de gérer sans prévoir et de cultiver les pertes et les déficits à l’image de la gestion étatique, mais, elles, en se privant de l’argent du contribuable, etc.) , la classe politique s’y rallie promptement- sera clarifiée, puisque chaque gouvernement veillera probablement à réduire l’importance de ces propos pour ne pas secouer un marché psychologiquement sensible .
Quand Obama s’exprime, donc, la courbe du Dow Jones affiche un certain parallélisme avec la chute de sa cote de popularité, lui qui promet, parmi d’autres engagements, une sécurité sociale pour tous à financer par…le déficit et la dette, ce que de moins en moins d’électeurs critiques et responsables seront prêts à accepter.
Et l’on se prend à imaginer le comportement boursier lorsque les banques centrales annonceront le retrait définitif des liquidités injectées dans le marché et qu’elles commenceront à redresser les taux..
Un vrai test pour la zone Euro
Nous avions déjà souligné en 2008 le risque de sortie d'un Etat membre de le zone
euro, afin de ne plus dépendre d'une monnaie commune mais de pouvoir
retrouver une monnaie propre qui pourrait être dévaluée par le jeu de
l'inflation, afin de pouvoir mécaniquement réduire le déficit public.
Argument toujours conteste par les autorités, BCE en tête, pour qui la
question ne se posait même pas : un pays qui quitterait la zone euro pour
retrouver une monnaie nationale n'aurait aucune chance de retrouver,
notamment, des conditions d'emprunt aussi intéressantes que celles que lui
permet d'obtenir son appartenance à la zone euro.
Nous sommes en droit d'en douter, lorsque l'on voit aujourd'hui que le plan
de relance grec prévoit, par exemple, d'émettre 54 Milliards EUR a du 6% -
soit 3% de plus qu'un emprunt d'état allemand. L'entrée de certains états dans
un nouveau cercle vicieux de l'endettement pour résoudre un problème de
dette est une chose que l'on connaît a présent, et dont nous savons qu'il
faut se méfier.
Pourtant, la même BCE a discrètement sorti fin décembre
un rapport sur les conséquences de l'exclusion ou de la "désertion" d'un pays
de l'Union européenne ou de l'union monétaire européenne. Il n'y a peut-être pas de
fumée sans feu. La conclusion de ce rapport fait état d'une admissibilité de
la sortie d'un pays - même si ceci leur semble contraire a l'esprit du
Traite de Lisbonne -,de quelques difficultés juridiques a valider une telle
"exit strategy" d'un pays membre, et de la difficulté de survie d'un pays
qui quitterait l'Eurozone.
C'est donc un premier changement d'attitude de la BCE, et nous suivrons ceci
attentivement au cours des mois a venir.
Le mois de janvier, indicateur de tendance pour l’année
De multiples études, telle celle effectuée par l’université du Kansas ont déjà mis en avant l’ « effet janvier » en constatant, sur les 60 derniers millésimes boursiers, que la performance du premier mois de l’année annonce presque toujours la tendance suivie par l’année complète.
Plus près de nous, l’on constate que la première séance de l’indice parisien a toujours donné le signe de la performance de l’année depuis 1996. Une première séance positive donne un résultat positif sur l’année, sans exception. L'inverse est vérifié également.
En 2010, le Cac40 a commencé l’année en trombe, poursuivant l’élan haussier qui l’avait animé au cours des derniers quinze jours de 2009.
Reste donc à vérifier cette théorie - un peu épidermique et sans fondement scientifique, certes – en fin d’année .
2010, l’année du USD
C’est lorsque personne ne croit ou ne suit plus le dollar qu’il nous réserve de bonnes surprises. Nous avions prévu récemment l'amplitude du rebond actuel alors que 97% des intervenants le voyaient baisser. Et ce n'est pas fini.
Si l’on considère aujourd’hui que (i)le USD avait commencé sa descente en mars 2009, lorsque la Fed a abreuvé le marché de liquidités, et que (ii)c’est à ce moment que les banques ont pu commencer à se reconstituer des marges tant exceptionnelles que « gratuites » - emprunter à 0% et prêter à 4 ou 5% sans frais, qui n’en rêverait pas ?- puis enfin (iii)que les investisseurs ont eu l’occasion d’emprunter massivement ce USD pour aussitôt le vendre et le convertir en une autre devise, plus rémunératrice et simplement vivre de ce rendement, ou investir en actions, obligations ou matières premières, pour profiter de la très belle évolution des ces actifs, et qu’aujourd’hui la Fed semble vouloir mettre fin à cette politique de l’argent facile, il nous semble que l’on va assister en 2010 à un gigantesque mouvement inverse, par lequel ces acteurs vont racheter leurs dollars en convertissant leurs actifs, afin de préserver leur bénéfice.
Après la chasse à l'or en 2009, la chasse à l’USD sera lancée en 2010, et l’on peut décemment le voir reprendre 25%, étant observé ce qu’il a abandonné depuis quelques mois. Engageons-nous : l’USD sera à 1.18 EUR en fin d’année 2010.
Nous regarderons donc les investissements en USD avec un intérêt particulier cette année, contrairement aux années précédentes.
Ce mouvement d’ampleur ne sera pas sans influence sur les cours de l’or et du pétrole, cotés en USD, mais qui continuera à bien se maintenir en EUR. Bien retenir donc que ce ne sont pas les fondamentaux de ces matières premières qui sont visés, mais juste la préservation d’un équilibre de marché.
L’inflation viendra plus tard libérer à la hausse ces matières premières de cette « pression d’équilibre inter-devises »
Apres l’Angleterre, un check-up des finances publiques françaises
Encore un déficit supplémentaire sur les épaules des Etats : nous dénoncions ici-même en juillet dernier ce qui se confirme être une grande aide d’état – pardon: une spoliation du contribuable –offerte à un secteur pharmaceutique bien mal en point, le tout avec la grande bénédiction de l’Europe : l’achat de l’équivalent de 1,5 dose par Français, du vaccin protégeant de la grippe H1N1, cette pandémie qui allait décimer le monde entier, et qui au final a fait bien moins de victimes que la grippe saisonnière classique..
Ces 94 millions de vaccins achetés à près de 10 EUR pièce, sont maintenant bradés par l’Etat français, avec quelques annonces de contrats valorisant leur prix de revente à 7 EUR. Une nouvelle histoire d’actifs toxiques, et dont on cherche à se débarrasser à tout prix.
Nous avons ici encore une preuve de bonne gestion du monde politique, dans un monde dominé par l’économique…
Faut-il se réjouir d’autre part que le gouvernement français ait réussi à s’accorder sur un montant de 35 Milliards d’euros, pour lever son “grand emprunt public”, qui est probablement une manœuvre politique pour envoyer un signal d’apaisement à l’Europe, très inquiète face à l’amplitude des déficits français ?
Lorsque l’on apprend que le déficit français s’élève à 140 Milliards d’euros, et que les dépenses de l'Etat sont deux fois supérieures, ce “grand sponsoring de l’Etat par les contribuables” sera dépensé en 1 mois et demi… Et l’on se demande déjà qui aura le courage de souscrire a ce genre d’emprunt. A moins que, faisant un hold-up sur l’épargne des Français, l’Etat n’oblige tous ses concitoyens à y souscrire ? Juste avant de relever le taux du précompte ou prélèvement obligatoire ?
Enfin, voici un programme qui restera dans les annales, celui du candidat Sarkozy, qui voulait faire de la France “un pays plus endetté pour être aussi compétitif que les Etats-Unis”. C’était en 2007, au moment où les dominos commençaient a s’effondrer.. Ce programme a aujourd’hui été efface du site de l’UMP.