Concentration de dettes : l'effet de la Grèce sur le Portugal
Nous sommes entrés dans ce que nous avions précédemment appelé la dernière concentration de dettes, la bulle du crédit étant passée en premier lieu des épaules privées (les banques) sur le dos du contribuable local. Maintenant que les épaules de certains pays sont trop fragiles, c’est au tour des contribuables européens « forts » de prendre en charge la dette des mauvais élèves.
Si l’Allemagne peut se permettre le luxe de refuser cette concentration de dettes sur ses épaules – pourquoi pas en quittant la zone euro pour retrouver une liberté de mouvement et se permettre de garantir des taux bas, indépendants des taux inflationnistes de l’eurozone, à ses propres emprunts – le manque de concertation dans la politique économique européenne va probablement créer le chaos dans cette tentative de sauvetage.
Pensez donc que l’Europe s’est engagée au nom de tous ses membres à sauver la Grèce, en lui octroyant des prêts à un taux fixé à 5%.
L’on pourrait se demander comment le Portugal va s’armer pour prêter son argent à du 5% lorsque les taux auxquels elle emprunte a déjà dépassé ce seuil, rendant tout prêt inférieur à 5.88% impossible, sans entraîner ses propres finances publiques dans un abîme.
Un signe de dépression important se situe au niveau des taux : le taux des obligations grecques à deux ans s’élève à…18.5%, tandis que les taux à 10 ans se montent à « seulement » 11.24%. Un tel retournement, les taux à court terme devraient normalement valoriser un moindre risque que ceux à long terme, est annonciateur d’une récession profonde.
A suivre le 19 mai, lorsque la Grèce devra emprunter 9 Milliards pour sauver une nouvelle échéance.
Entraînés par l'euphorie boursière, certains dirigeants d’entreprise détruisent-ils de la valeur ?
Le marché des fusions-acquisitions pourrait être un bon indicateur de sortie des marchés.
L’on pourrait en effet croire que, dans le cadre d’opérations d’acquisitions, les dirigeants des sociétés qui lancent une offre sur une société-cible afin de grandir par croissance externe, sont – à l’instar de l’investisseur lambda - mus par cet optimisme béat et cette impression de prospérité qu’apporte une période boursière faste, pour se lancer sans réfléchir dans une course effrénée aux acquisitions, moyennant des valorisations parfois exorbitantes.
Sur ce graphique en effet – qui s’arrête au 30 juin 2008 - l’on peut en effet réaliser que lorsque le nombre de fusions-acquisitions de par le monde a atteint un sommet - quelque 3000 opérations dont plus de la moitié payées en cash en 2000 et 2200 opérations en 2006, un krach boursier a suivi dans un délai de quelques mois..
De quoi s’interroger la prochaine fois que les gros titres des médias feront état d ‘une « fantastique reprise des fusions et acquisitions ». Et, pour le cédant, une sérieux incitant à, si pas rester en dehors des marchés boursiers, au moins faire preuve de grande sélectivité dans ses placements lorsqu’il a vendu son entreprise..
Rendement des dettes européennes
Ce graphique m'a paru intéressant car il montre une tendance ascendante du différentiel de taux exigé par les investisseurs qui se risquent à acheter du papier d'états européens "sous surveillance" par rapport aux taux allemands.
Si la Grèce caracole en tête, et se situe bien plus haut qu'au déclenchement de la crise du crédit, fin 2008, les autres pays sous surveillance n'ont pas encore franchement dépassé le différentiel précédent.
Maintenant que le Portugal a annoncé 9.3% de déficit et que sa note a été dégradée, nous verrons ce qu'il en est pour le taux de sa prochaine émission.
Le MEW, ou Mortgage Equity Withdrawal
Le MEW, ou Mortgage Equity Withdrawal, pourrait être décrit comme la décision par un particulier d’emprunter un montant correspondant à la valeur de marché de sa maison.
On l’a vu par le passé, c’est cette notion tronquée de valeur de marché, soutenue à la hausse par un appel à l’emprunt déraisonnable contribuant donc à injecter plus d’argent dans le système, qui a gonflé le marché immobilier par le haut, en créant la bulle des subprimes, tandis que les établissements financiers en profitaient pour structurer et revendre ces crédits par compartiments, allumant la mèche de la crise du crédit actuelle.
Sur ce graphique - où chaque % représente environ 25 Milliards USD de revenus disponibles, et l’on peut voir qu’en 2006 on était à plus de 200 Mia USD de subventions à la consommation par trimestre !– l’on peut constater que ce mécanisme a permis aux particuliers de sortir une part de liquidités importante et de leur emprunt hypothécaire, leur permettant d’ajouter ces liquidités à leurs revenus pour pouvoir entretenir une consommation artificielle.
A présent, il faut se rendre compte que la vie à crédit a vécu, que la consommation est en panne, et que le retour de manivelle de ce MEW qui, en territoire négatif, joue le rôle d’un aspirateur à liquidités, devrait contribuer à trouver d’autres alternatives qu’une hypothétique « relance de la consommation ».
L’idée m’est venue d’écrire cet article lorsque j’ai entendu ce matin à la radio que le monde politique, BCE en tête, se réjouissait du retour de la consommation.
Euro : exit strategy pour l'Allemagne ? l' USD toujours à privilégier
Alors que l'on apprend
qu'une banque grecque, détenue par l'Etat, qui plus est, a joué une...faillite de son propre actionnaire en shortant un milliard d'euros,
que la dette du Portugal est revue à la baisse par l'agence de notation Fitch, confirmant ainsi la propagation de la crise de dette des Etats au sein de l'Eurozone
certains se posent à présent ouvertement la question d'une sortie de l'Allemagne de l'eurozone, laissant derrière elle un zone emplie de pays surendettés et incapables de gérer leurs déficits sans la "solidarité européenne"...
La Grèce par exemple - tant qu'il s'agit de la Grèce peu de monde s'en préoccupe, mais attendons qu'un pays comme la France soit touché - voudrait continuer à se financer à bon compte en bénéficiant de la réputation de l'euro, mais sans prendre aucune mesure d'autodiscipline dans la gestion de ses finances.
Alors, une crise qui double son taux de financement sur les marchés à plus de 6% - malgré l'"aide" de ses pairs et du FMI, une manoeuvre politicienne qui au final ne sera jamais activée - creuse son déficit de manière irréversible.
L'Allemagne qui, pendant des années, a fait des efforts d'austérité, relançant ses exportations, relevant le taux de TVA, gelant les salaires pendant une période, ramait à contre-courant de la Grèce, qui laissait exploser le coût du travail sous l'emprise d'un syndicat surpuissant, sans que la productivité ne s'améliore, bien au contraire.
Alors, en se faisant traiter de profiteurs par la Ministre des Finances française, déclarant qu'un pays dont l'économie est basée sur les exportations étant mieux armée que les autres contre la récession et devrait accroître sa solidarité vis-à-vis des pays faibles - comprenez les pays incapables de se prendre en mains - on pourrait comprendre qu'elle brandisse la menace d'une sortie de l'Eurozone.
Une nouvelle recherche de bouc-émissaire, si courante en période de crise. Rappelons que la crise actuelle fut d'abord attribuée par le monde politique aux vendeurs à découvert, puis ce fut la faute des paradis fiscaux, puis du salaire des patrons, etc etc. Maintenant, l'on se rapproche du but, et les Etats visent les Etats. Mais les moins à même de donner des leçons se font fort de sermonner ceux qui les assistent depuis une décennie. La crise du nivellement par le bas continue..
Pour toutes ces raisons, il est toujours plus intéressant d'investir en USD plutôt qu'en Euro. Non pas parce que l'économie américaine est nettement supérieure à l'économie européenne, mais parce que l'Euro entre dans une période de grande faiblesse et d'instabilité qui pourrait le mener bien plus bas.