Chant du cygne sur les marchés ?
Voici peut-être la dernière occasion d'ajuster ses "stop-loss" au plus serré, et de ne pas craindre de sortir des marchés par le mauvais temps actuel.
En outre, la lecture de certains titres me conforte dans ce sentiment que les mauvaises nouvelles ne veulent absolument pas être écoutées par les acteurs de marché :
(i) l'optimisme candide de l'OCDE, assurant que les mesures que les pays européens ont prises sont les meilleures, négligeant de dire que ces pays n'ont résolu le problème d'une dette qu'à très court terme, en remboursant cette dette par une autre dette, plus chère qui plus est ;
(ii) la clôture du 10 mai 2010 commentée sur par un enthousiaste "Paris s'envole au-dessus des 3'700 points" (Investir), et la clôture de ce soir (27 mai) , ponctuée d'un "le CAC40, passant au-dessus des 3'500 points, poursuit sa nette remontée" (la Tribune). La nature humaine est optimiste - c'est très bien - mais doit-on continuer à se féliciter d'avoir réussi à enrayer une baisse lors de chaque rebond technique. La tendance baissière n'est-elle pas tellement évidente ?
GMI vient de publier son dernier rapport, dans lequel il compare le S&P500 en 1929 (en bleu) avec le tracé du même indice cette année (rouge). Le résultat est époustouflant, et correspond parfaitement à la configuration de ce que l'auteur appelle un tracé de crash imminent : une baisse importante, suivi d'un "bull trap" (piège à haussiers), une fausse reprise, et un grand plongeon. Plongeon à prévoir, toujours selon ce rapport, pour la première quinzaine du mois de juin.
La comparaison avec le crise de 1987 offre le même schéma baissier
En conclusion, mieux vaut ne pas risquer d'entrer sur les marchés actuellement, ajuster ses limites de vente, et observer la configuration des jours à venir.
Fébrilité et manque de confiance
Suite à la correction intervenue la semaine dernière, il nous semblait intéressant de vérifier la solidité des marchés européens, et voir quels ont été les indices délaissés par les investisseurs le plus rapidement, ordonnant peut-être un classements des pays les plus faibles, à attaquer en priorité.
Commençons par les PIGS - Portugal, Italie, Grèce et Espagne :
Force est de constater que la plus grande pression vendeuse s'est inscrite sur l'indice grec (en pointillé), suivi par un effondrement marqué de l'Espagne (rouge), tandis que le Portugal et l'Italie se sont tenues mieux que leurs consoeurs, rebondissant même rapidement.
Si l'on compare des pays non visés par cette première vague de crise de dette, en comparant par exemple la volatilité des marchés français, hollandais, allemand et belge, l'on s'aperçoit que c'est le Cac 40 français qui est la plus fébrile, contrairement à un marché allemand beaucoup plus résistant.
Alors la France, prochain pays à annoncer une restructuration de sa dette ?
Comment profiter de l’asphyxie des Etats par la dette ?
Il existe sur le marché différents outils qui permettent de profiter de la méfiance grandissante des investisseurs envers l’ampleur des dettes et déficits européens et américains, et notamment via une hausse des taux à venir.
En voici quelques exemples, à manier avec précaution et sous conseil avisé :
FR0010869578 Lyxor Double Short Bund (94.28 EUR) qui réplique doublement l’accroissement des taux à 10 ans allemands, pour l’instant les plus faibles d’Europe.
FR0007079546, LFP Protectaux (989.10EUR), dont l’objectif est de profiter d’une hausse des taux sur les marchés obligataires de la zone euro. Pour ce faire, le gestionnaire vend des contrats futures sur les taux aux cours actuels, pour les racheter à meilleur prix ultérieurement, le prix des obligations existantes se dégradant lorsque les taux montent.
FR0010819821, Tikehau taux variables (102.87 EUR) est un fonds qui vise à surpeformer l’Euribor 3 mois de 2% au moins, par l’achat d’obligations à taux variables dont le gestionnaire pense que les taux devraient converger vers ceux, en croissance, des obligations d’Etat.
US7434R2976, Proshares Barclay Ultrashort 20+ Treasuries (43.28 USD), est un tracker, cette fois, qui double l’évolution de l’indice Barclays Capital 20+ Treasury Index – indice qui tient compte de toutes les émissions d’obligations par le Trésor américain dont la durée restant à courir est de 20 ans ou plus, dont les taux sont destinés à se tendre.
Crise grecque, solution de court terme, et inflation
Ainsi donc, pour calmer les spéculateurs - boucs-émissaires de rêve dans cette crise de l’endettement qu’il a pourtant lui-même créé et entretenu - le monde politique a mis au point une redoutable nouvelle machine à creuser la dette et les déficits, en faisant supporter le Xième plan de relance via la dette par le contribuable européen.
Il a surtout mis en place une machine a créer de l’inflation au sein de la zone euro, en autorisant la BCE a racheter de la dette pourtant invendable, auprès des banques – une nouvelle fois sauvée grâce à l’argent public, les banques sont définitivement rassurées quant à la qualité de leur assurance-vie à laquelle elles n’ont même pas souscrit – en contrepartie d’émission de monnaie, « qui sera rapidement retirée du marché », mais au vu des aides ponctuelles accordées aux banques en 2008 et 2009, et qui devaient aussi théoriquement subir un rapide retrait, mais qui inondent toujours le marché, l’on peut en douter sérieusement..
D’autre part, le FMI s’engage à mettre 250 Mia EUR sur la table, lui dont le potentiel d’investissement immédiatement libérable ne s’élève apparemment qu’à 239 Mia USD (soit environ 190 Mia EUR). Pour financer ce gap de 30%, un endettement supplémentaire, ou une hausse des contributions de chaque pays vers le FMI, accentuant encore les déficits?
Du côté des emprunteurs, les 500 Mia EUR accordés par les pays européens, diminués des 110 Mia déjà accordés à la Grèce, représentent le besoin de financement du Portugal, de l’Espagne, et de l’Irlande, soit 400 Milliards EUR, sur les…2 prochaines années. Si d’autre part l’Italie ou la France – sa seule part d’endettement supplémentaire pour mettre en place ce plan de relance s’élève à 89 Mia eur –http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/05/10/04016-20100510ARTFIG00743-fonds-euro-la-france-versera-90-milliards-d-euros.php ne résolvent pas non plus leur déficit public, ce délai de deux ans sera d’autant plus vite réduit à peau de chagrin.
Il s’agit donc d’un nouveau plan qui permet de ne rien résoudre et de remettre à plus tard le problème de la dette et des déficits existants. Une « solution » de très court terme, donc.
Mais surtout que va-t-il se passer ensuite ? Un deuxième plan de relance de cette envergure ne devrait plus passer.
Il est de plus en plus certain que l’inflation aura déjà rogné une partie de ces déficits au bout de ces 2 années. A ce propos, l’on peut déjà constater une recrudescence de l’inflation dans un pays - tiens… la Grèce - s’affichant à 4.8% pour le seul mois d’avril dernier. Comme quoi crise structurelle, récession et inflation sont intimement liées.
Où en est la volatilité ? Comment va évoluer cette crise ?
Les indices de volatilité que nous suivons depuis le début de cette crise de la dette, sont remarquables de régularité.
Tant sur le VIX que sur le VXN, l’on constate que, chaque fois qu’un de ces indices vient toucher sa bande de Bollinger inférieure, il remonte ensuite d’une manière fulgurante pour atteindre de nouveaux sommets – son rôle est d’indiquer le niveau de panique qui règne sur les marchés - , indiquant de manière inversée qu’une importante baisse des marchés est à suivre immédiatement..
L’on en a un bel exemple cette semaine, et l’on se dit que finalement, avoir conseillé de convertir ses liquidités en USD, de privilégier les « small caps » aux grandes capitalisations, et se protéger via l’or en attendant une rechute de 50% sur les marchés n’était pas si mauvais.
Tandis que l’Europe politique s’affaire depuis 6 mois à tenter de résoudre - via une supposée aide à la Grèce - une crise inévitable, chaque fois en postposant plutôt qu’en décidant, et que la BCE se charge de continuer à propager cette crise de la dette, en prêtant de l’argent à du 1% aux banques qui lui apportent en contrepartie des obligations...grecques offrant sur papier une rémunération de 12% garantissant ainsi de manière indirecte à l'Etat grec l’achat par les banques de sa dette irremboursable, l’on se demande comment tout ce château de cartes ne s’effondre pas plus rapidement.
Après cette chute, nous pouvons d’ores et déjà prédire que les Etats vont mettre en place un système qui obligera les compagnies d’assurances à acheter un pourcentage d’obligations d’Etat, devenues invendables et orphelines d’acheteurs, à saupoudrer dans toutes les polices d’assurance qui donnent droit à un avantage fiscal, afin de garantir une contrepartie à l’emission de sa dette.
Détenteurs d’épargne-pension et autres assurances-vie, il est toujours temps de vendre ces polices et de procéder à des provisions internes pour pension dans les sociétes, qui seront gérées par vous-mêmes, et pour vous-mêmes.
Qui détient la dette grecque, et se chargera de l'effet domino ?
La BRI a publié l’exposition des différentes banques européennes à la défaillance probable de la Grèce. Les bases statistiques de ce graphique sont à trouver ici
Selon Evolution Securities , les banques les plus exposées à la faillite grecque sont (à nouveau) Fortis, Dexia et Société Générale, mettant en jeu respectivement 64%,35% et 14% de leur valeur d’actifs nette, tandis que les trois principales banques espagnoles, une italienne (Unicredit), une anglaise (Lloyd’s) et le Crédit Agricole ont annoncé n’être pas du tout exposées, ou dans une très faible mesure, à la fièvre grecque.
En plus de ce premier effet ravageur, les effets collatéraux sont visibles ci-dessous :
Outre le fait qu’il y a 1’450 milliards EUR de dette dans les Etats européens, à refinancer vraisemblablement dans les deux ans, l'on note que la dette de la Grèce est détenue principalement par le Portugal, la dette de celui-ci étant essentiellement aux mains de l’Espagne, qui à son tour est détenue par l’Irlande et la France, la France qui est en plus très exposée à l’Italie, en détenant 17% de sa dette en termes de PIB.
L’effet de contagion entre pays européens est donc inévitable, de la même manière que l’exposition aux seuls pays du Sud (PIGS ou Club Med) - les premiers à devoir se refinancer et mettre enfin à jour ce problème de dette publique que l’on a laissé pourrir - est entre les mains de la France, qui risque à terme de se muer en « souche contagieuse » pour atteindre les pays du Nord de l’Europe.
De quoi tempérer l’optimisme du FMI, qui annonçait hier soir le faible risque de contagion de la crise de la dette à la France et l’Allemagne. Mais l’on sait que les propos du FMI sont en général un bon indice contrarien pour entrer – lorsque leurs propos sont pessimistes - ou sortir du marché, quand au contraire ils montrent un enthousiasme béat.