A quand l’overdose ? Ou le retour des actifs toxiques
Tiens, les banques sont de retour et vont essayer de placer sur les marchés de nouveaux actifs toxiques dans les semaines à venir.
Cette fois il semblerait que les établissements financiers vont titriser des actifs tangibles, comme les emprunts personnels sur voitures, les leasings, qui sont en synthèse « beaucoup plus liquides en cas de saisie que des biens immobiliers ».
Au vu du comportement erratique du marché de l’automobile d’occasion – les sociétés de leasing pressent actuellement les entreprises à prolonger les contrats existants plutôt que de commander de nouveaux véhicules, ce qui leur évite de se retrouver avec un grand nombre de véhicules d’occasion invendables sur un marché d’occasion qui s’est effondré, et fragilisant donc fort leur solvabilité -, on est en droit de se demander si ces émetteurs ont vraiment pris le pouls du marché avant de le tester à nouveau..
Quant aux paroles du monde politique et des fonctionnaires européens, dont les discours creux promettaient un retour aux sources pour les banques, l’on est maintenant certain de leur inefficacité dans un monde où l’économique a définitivement pris le dessus sur le politique.
Donc, Royal Bank of Scotland, banque d'Etat puisque nationalisée à hauteur de 80% suite à l’explosion de la crise de la dette - en plus d’avoir été sérieusement ébranlée suite au rachat de certains actifs de ABN-Amro, qu’elle avait dû recéder ensuite - va mettre sur les marchés une tranche obligataire de 4.7 Mia GBP
Ensuite c’est au tour de Investec , une banque sud-africaine, de tenter de lever 250 Mio USD en saucissonnant ses créances douteuses et les revendant avec une prime sur un marché « très demandeur »
C’est le retour de la titrisation, et il faudra être attentif à l’allocation de ces « mortgage bonds », et suivre l’évolution du portefeuille des institutionnels qui y souscriront.
L'or, une bulle ? Vraiment ?
La monté actuelle de l’or est, dans l’esprit des gens, souvent assimilée à une bulle. Pourtant, il existe quelques éléments concordants qui nous aident à croire que cette valorisation du métal se fait de manière très raisonnable, et que la hausse devrait se poursuivre, et même à un rythme soutenu.
Qu’est-ce qu’une bulle, d’abord ? On pourrait la définir comme un engouement soudain pour un actif financier qui rend le prix d’échange de cet actif très supérieur à sa valeur fondamentale.
Premièrement, nous l’avons déjà évoqué, l’or a une valorisation en tant que métal, matière première, mais aussi une valeur d’échange. Or la crise de la dette actuelle, qui ne pourra tôt ou tard se résoudre que par le défaut de paiement d’un ou plusieurs pays occidentaux, et la mise en liquidation de certains établissements financiers, pour éviter un transfert encore plus lourd de la dette privée sur les épaules des Etats a jeté un sérieux doute et l’opprobre sur la solidité de toutes les devises dans lesquelles ces dettes publiques sont émises. De cette manière, l’on a assisté à un transfert massif de devises fiduciaires, multipliables à l’infini, affaiblissant leur valeur, vers un actif tangible que l’on ne peut pas dupliquer. L’or, outre sa valeur en tant que matière première, a pris un véritable statut de devise alternative.
Ensuite, l’or se trouve dans un cycle haussier, entamé en 2001, rendant son ascension calme et durable, tout au contraire d’une bulle qui en général se forme, puis éclate en un laps de temps assez rapide.
Le cours de l’or a été multiplié par 3 (+200%) en dix ans, rappelez-vous le temps où le Nasdaq avait fait *10 en 3 ans, et plus récemment, où le pétrole avait été multiplié par 3 en l’espace de quelques mois, avant de rendre 8 dixièmes de sa valeur, et encore l'immobilier américain.
Au vu de cette comparaison graphique, l’on pourrait même se dire que si l’or est en phase de bulle, le meilleur est à venir..
Enfin, pour les technicistes, aucun signal graphique n’est venu remettre en cause cette tendance haussière, tant au niveau des MME 8 et 21, ou des MM 7 et 23 qui ne se croisent pas à la baisse depuis des mois, et qui sont des signaux très puissants de hausse durable de cet actif.
Nous ne pensons donc pas qu’une bulle se forme sur l’or ; reste à observer son évolution attentivement, afin de s’assurer que l’ascension continue à être solide et régulière.
Commodities vs stocks : un cycle à ne pas négliger
On peut être fervent défenseur de l’investissement en actions, ne croire qu’au potentiel des entreprises, et finalement se rendre compte que, les cycles prenant le dessus, il vaut mieux quitter ces marchés de temps à autre pour s’installer sur le côté de la balançoire qui va se relever. Deux thèmes qui s’opposent de cette manière sont les matières premières (commodities) et les actions.
L’on observe que ces deux thèmes se relaient tous les 15 ans environ. Ainsi, vu a posteriori, il valait mieux être investi en actions de 1919 à 1929, de 1950 à 1969, de 1983 à 2000, tandis que les investissements en commodités ont été mieux valorisés de 1930 à 1949, de 1970 à 1982, et depuis l’éclatement de la bulle internet en 2001. Nous avions d’ailleurs vu précédemment que Historiquement, l’on observe aussi que la psychologie de marché fait que les investisseurs se ruent sur les actifs très tangibles en cas de doute, peur, ou autre guerre, et que dans les périodes de renouveau (fin de guerre, chute du mur de Berlin et fin du communisme, etc) les gens privilégient l’achat d’actions.
les indices n’ont rien gagné depuis lors.
Fondamentalement, on pourrait même se dire que les marchés d’actions – vivants, actifs, optimistes - reprennent leur cycle ascendant lorsque l’homme revient au centre des préoccupations, et que lorsque l’on y met la Terre (invasions pour s’accaparer de territoires, ou – thèmes très à la mode - annonce de la mort de la planète, ou de la disparition de l'espèce humaine par une pandémie), l’investisseur redevient pessimiste et se tourne vers les matières premières – inertes pour la plupart, exprimant le pessimisme.
Pratiquement si l'on met en relation l'indice des valeurs technologiques, les plus dynamiques et plus sensibles à la hausse des actions, avec le fonds de matières premières de Jim Rogers, l'on peut constate que les actions valent dans les cycles hauts plus de 15 fois les matières premières et que, depuis le début de la crise actuelle, ce ratio oscille entre seulement 3.5 et 7.
Alors, sommes-nous encore pour longtemps dans ce marché favorable aux matières premières entamé en 2001 ? Nous ne voyons pas pour l’instant de signe d’affaiblissement de cet engouement, ni au niveau des marchés ni au niveau macro-économique. Rendez-vous dans quelques années.
Que va-t-il se passer cet automne ?
« Que va-t-il se passer à l’automne ? », nous posions-nous déjà comme question il y a quelques semaines, en observant les futures sur le Vix qui se négociaient avec des primes rocambolesques.
Encore aujourd’hui le future à 3 mois sur le Vix se négocie avec une surcote majeure par rapport à sa cotation du jour (21.56). Les investisseurs acceptent donc de payer un surprix de 50% pour éliminer le risque d’une volatilité trop accrue, comme s’ils pressentaient le retour de la tempête de fin 2008.
D’autre part, les media semblent s’en soucier moins que par le passé, mais nous notons que l’écart de taux entre les obligations des états européens les plus fragiles et ceux de l’Allemagne sont revenus à des niveaux record, ce palier qui prédominait au plus fort de la crise de défiance aux Etats.
Regardons notamment ceux de l’Italie ou de l'Irlande, du Portugal de l’Espagne et de la Grèce
La confiance entre pays forts et fragiles semble de nouveau s’estomper. Et pourtant faire défaut pour un pays européen, avouer son exposition trop forte aux actifs risquées et organiser de la sorte un dégonflement raisonné de la bulle du crédit, serait probablement salutaire pour purger les marchés et repartir sur des bases enfin saines.
Tout ceci, couplé à une dégradation sans précédent de l’index de confiance des investisseurs allemands qui est passée de 14 à -4.3 entre août et septembre, nous incite à nous poser la même question et ne nous pousse pas à revenir de manière très offensive sur les marchés, en attendant des signaux plus clairs.
La machine inflationniste s'est-elle mise en marche ?
En 1999, Ben Bernanke proposait au Japon d’enrayer la spirale déflationniste dans laquelle il s’était engagé depuis 1998, par un relèvement « suffisamment élevé » de l’objectif d’inflation.
Un petit équilibrage donc, pour faire perdre de la valeur à la dette publique plus rapidement, tout en récupérant les quelques années d’inflation zéro ou négative, et en donnant l’impression au consommateur qu’il a plus de monnaie qu’avant, et peut donc retourner faire ses emplettes pour faire rebondir la consommation.
Aujourd’hui que les USA (et l’Europe) sont engagés dans la même tourmente, la Fed pourrait-elle appliquer ce précepte – la banque centrale japonaise ne l’ayant jamais appliqué ?
Ses deux objectifs sont une maîtrise de l’inflation à maximum 2%, mais aussi une croissance de l’emploi. Alors, tant que l’on a des statistiques qui montrent un taux de chômage dans une zone de plus haut historique, il semble difficile de croire en ce scénario.
Si toutefois il s’avère que le chômage a récemment atteint un pic - et même si, pour favoriser ce scénario, la méthodologie de prise en compte des chômeurs sera probablement retravaillée pour présenter des statistiques propices – l’on pourrait assister à ce « petit ajustement ».
Le spectre actuel de krach des obligations d’état se muerait en carnage sur les marchés obligataires, puisque les possesseurs d’obligations d’état US à 10 ans seraient par exemple incapables de remettre sur le marché leurs titres au maigre rendement de 2.7% brut qui, s’ils les gardaient, les appauvriraient en les rémunérant à un taux inférieur au nouvel objectif d’inflation.
Mais c’est peut-être le prix à payer pour un pays qui doit refinancer 50% de sa dette dans les 3 années qui viennent..