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10 prévisions pour 2011

31 Décembre 2010 , Rédigé par jean-christophe duplat

Meilleurs vœux à tous !

 

Voici une série de considérations que l’on pourrait voir se concrétiser cette année :

 

Fin de la fuite en avant, et faillites de grandes banques : enfin le monde politique comprend que la seule solution à la crise de la dette consiste à faire éclater de manière raisonnée la bulle que l’on transporte de l’extérieur (le capital privé) vers l’intérieur (les capitaux publics, puis la BCE) sans en avoir jamais attaqué les causes profondes.

En cette fin d’année, l’on sait déjà que Dexia Credit Local a réalisé une augmentation de capital rapide, souscrite dans l’ombre par sa maison-mère, et que JP Morgan a « shorté » 125 millions d’once d’argent – espérant les racheter à meilleur prix, mais l’once s’est appréciée de 70% depuis le mois d'août– et va devoir « squeezer » ses positions début 2011.  

 

Nouvelle augmentation de capital de la BCE : Les 5 milliards levés et inscrits dans son bilan en décembre 2010 – pour doubler son capital et enregistrer des moins-values en sauvant ses fonds propres – ne suffisent pas à améliorer sa solvabilité puisque elle est entraînée dans le rythme de la spirale «utilisation du cash amené par les actionnaires ->souscription de toutes les obligations d’état ne trouvant pas preneur-> gonflement de son actif->dépréciation importante de ces actifs->fonds propres négatifs->appel aux actionnaires » ses nouveaux fonds propres sont anéantis à la fin du mois de juin.

Conséquence, la BNB est retirée de la cote : pour pouvoir satisfaire à cet appel de fonds de la BCE, elle procède à une augmentation de capital réservée à l’état belge, et diluant très fortement la part des petits porteurs. Elle en profite pour se faire « délister »

 

Taux de chômage au sommet : dans un cycle de reprise anémique, la consommation ne redémarre pas, les entreprises se recentrent sur leur « core business », en cherchant à constamment augmenter leur productivité. Les entreprises sont de plus en plus axées sur les services donc une partie de la main-d’œuvre devient graduellement et mécaniquement « accessoire ». Les gouvernements tentent sans plus d’effet de prolonger toute une série de mesures encourageant l’emploi.

 

Krach obligataire : l’arrivée de l’inflation frappe les taux longs qui se tendent, entraînant une baisse des prix de tous les titres obligataires émis par les états ces 4 dernières années.

Bonne nouvelle : les fonds investis en obligations pourraient se retrouver sur le marché des actions, et soutenir ce dernier. Du coup, les titres hybrides comme les obligations convertibles - offrant un remboursement en actions - tirent leur épingle du jeu et sont le meilleur choix pour 2011.

 

Conflits sociaux : La Grèce étant en amont du mouvement, l’ensemble des gouvernements européens va progressivement faire face à des conflits populaires, suite aux nombreux plans sociaux, à un taux de chômage qui reste « haut perché » et sans perspective de relance de la consommation durable.

 

Censure partielle d’internet, reprise en main des media par les pouvoirs publics : On l’a vu en 2010 avec Wikileaks, les media internet prennent de plus en plus d’importance et arrivent à capter l’attention du public sur les nombreux errements du politique. Le monde politique, n’ayant pas réalisé que cette tendance est la continuation de la société-spectacle dans laquelle il s’est enfermé, voudra reprendre les choses en mains en prenant le contrôle de certains journaux qui, de plus en plus exsangues de lecteurs, doivent faire appel à des repreneurs. L’état en sera.

 

L’or à 1’800 USD :

C’est un événement assez traditionnel. Sans surprise l’or poursuit sa montée, la confiance en la monnaie s’étant encore considérablement érodée, donnant des ailes à la « relique barbare », et créant un important foyer d’inflation. Il ne passera plus sous les 1'200 USD.

 

Une parité historique EUR/CHF :

Dans la continuation de le montée de l’or, le franc suisse est devenu une telle valeur refuge – et les autres monnaies s’étant démultipliées à l’infini, faisant s’étioler toute confiance - que pour la première fois il faudra débourser plus d’un EUR pour acheter un CHF. La guerre des monnaies faisant encore rage, la Chine continuera à acheter du yen pour déforcer l’économie japonaise tout en faisant mécaniquement baisser l’USD, auquel la monnaie chinoise est liée, et donc favoriser ses exportations au travers d’un yuan faible. La BCE continuera d’observer ces mouvements sans pouvoir agir sur sa propre monnaie, en déliquescence. L’on pourrait observer une triple parité : 1 USD=1 EUR=1 CHF.

 

Une modification des règles comptables pour le secteur bancaire, en vue de freiner les faillites : dans sa fuite en avant, le monde politique autorisera les établissements financiers à geler la prise en compte de réductions de valeur sur tous les produits financiers toxiques, jusqu’à leur revalorisation, ou à les prendre en charge à dose homéopathique sur une longue période; cette modification du principe de l’annualité de l’impôt induira un nouveau sauvetage indirect du secteur bancaire pendant quelques mois.

 

 

Il est possible que certaines de ces considérations, entraînant des modifications profondes, mettent donc plus de temps à se réaliser. Nous les reporterons alors sur 2012.

Si dans un an ces pronostics se soldent sur un 0/10, ça reste entre nous ?

 

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A un croisement..?

27 Décembre 2010 , Rédigé par jean-christophe duplat Publié dans #Marchés financiers

"Chart of the Day"nous présente deux graphiques comparant les rallyes ayant suivi crises précédentes, où les indices boursiers avaient chuté de plus de 50%, à celui que nous traversons.

 

Le premier nous montre que les marchés testent actuellement (en bleu) une zone de nouveaux plus hauts, un "no man's land haussier", qui pourrait, s'il s'assimile au test des plus hauts de 1932,  durer 7 mois et nous mener à la mi-2011, avant de s'aplanir

 

 

 

 

 

 

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Tandis que le second nous montre une similarité entre le S&P 500 durant ces deux grands marchés baissiers : deux ans et demi de baisse après le plus haut (100), puis un rebond qui dure jusqu'à l'année 7, une rechute saccadée qui nous mènerait à 2012, un rebond de 5 ans.

 

Ceci renforce notre attrait pour les cycles et la psychologie du marché, trop souvent ignorés par les analystes traditionnels.

 

Fêtez l'an neuf de manière inoubliable, et ne pensez pas trop que ça pourrait sentir le sapin..!

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Augmentation de capital et credit scoring de la BCE

21 Décembre 2010 , Rédigé par jean-christophe duplat

La BCE a annoncé en fin de semaine dernière vouloir opérer une augmentation de son capital à concurrence de 5 Mia EUR. Le timing de l’opération est interpellant, car le deal doit être conclu, rondement mené et publié officiellement en moins de 3 semaines : la BCE a besoin de cet argent pour le 29 décembre, afin qu’elle puisse un petit peu gonfler ses fonds propres pour la « photo »de ses comptes annuels du 31 décembre.

Nous pouvons plutôt penser qu’elle veut garder des fonds propres positifs avant de devoir déprécier une série d’obligations grecques, irlandaises et portugaises achetées cette année. Barclays a calculé la dépréciation que la BCE devrait enregistrer dans ses comptes ; elle s’élève justement à…5 Mia EUR à l’heure actuelle.

 

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Les actionnaires de la BCE sont les banques centrales européennes, l’Allemagne étant au capital de la BCE à concurrence de 30%, les autres pays de l’Eurozone en ayant 40%, le reste étant détenu par des banques centrales n’ayant pas encore adopté l’euro. Ces derniers ne devant pas souscrire à l’opération, seuls 3.50 Mia EUR ou 70% du capital à lever seront donc ajoutés aux fonds propres de la BCE en fin d’année.

Ces augmentations de capital très rapides, fortement dilutives parce qu’on lève plus de 100% du capitale existant, ça ne vous rappelle rien ? De multiples banques – privées à l’époque, publiques maintenant - l’ont fait avec quelques mois d’avance. Fortis ou RBS entre autres 

 Alors, à quoi ressemble le bilan de la BCE ?

Noyés en pages 220 et 221 de ses derniers comptes annuels, l’on y trouve :

 

  • un total d’actif de 138 Mia EUR,
  • un capital de 4.1 Mia EUR, et un bénéfice reporté de 2.2 Mia EUR, puis
  •  un ensemble de dettes de 117 Mia EUR

Une société de « credit scoring » y trouverait donc un ratio de solvabilité de 4.5%, beaucoup trop faible, un actif circulant inférieur à l’ensemble des dettes et n’offrant aucune marge de sécurité dans un tel investissement.

En outre elle se poserait des questions sur le poste « titres en euros émis par des résidents de la zone euro », ce nouveau poste d’actif qui n’existait pas en 2008, et qui représente 2.2 Mia d’obligations d’état, sans la moindre réduction de valeur en résultats. C’est de plus un poste-clé qui devrait avoir évolué très fortement en 2010.

Gageons que cette étude se terminerait par un laconique « il est préférable de n’accepter que des paiements cash de cette entreprise », ce qu’elle fait d’ailleurs magnifiquement bien !

Actionnaires particuliers de la BNB, soyez regardants sur ce dans quoi va investir votre véhicule coté. Peut-être fera-t-elle à son tour une augmentation de capital dilutive pour répercuter cette aide à fuir en avant qu’elle offre à la BCE ? Une augmentation de capital à laquelle l’état belge participera à concurrence de ses 50%dans le capital de la BNB.

 

 

 

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Tension sur les taux allemands, prémices du krach obligataire ?

13 Décembre 2010 , Rédigé par jean-christophe duplat Publié dans #Marchés financiers

Dans la série « il faut rester critique », nous rajoutons une analyse des taux d’emprunt à 10 ans des différents pays européens.

Le resserrement des taux de l’Irlande, par exemple, vis-à-vis des taux allemands (5.13% de différence entre les deux taux, comparé aux 6.5% d’il y a moins d’un mois), pourrait laisser penser que cet écart est signe de « recovery » de l’économie irlandaise ou d’une acceptation d’un risque qui était exagéré par le marché.

 

Or, les taux irlandais montent toujours, à plus de 8%. La cause réelle, c’est l’envolée du taux allemand, qui ne fait pas exception à la défiance du marché vis-à-vis des pays européens.

  

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Une tension sur les taux impliquant une baisse du cours des obligations, l’investisseur qui a voulu sécuriser son patrimoine en achetant des obligations allemandes il y a 3 mois, accuse déjà une moins-value de 8% sur son investissement.

Ceci devrait accentuer l’aversion des investisseurs pour les obligations, et probablement signaler le départ du krach des obligations d’état que nous craignons depuis quelque temps.

A moins d’une nouvelle fuite en avant qui se traduirait par une maximisation de l’interventionnisme et d’un rachat par la BCE de toutes ces obligations ne trouvant plus d’acheteurs ?  

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Troisième transfert de dettes : le nid d’inflation

9 Décembre 2010 , Rédigé par jean-christophe duplat Publié dans #Economie

 

Nous avons vu se transformer jusqu’à présent une dette massive privée, les établissements financiers étant en défaut de pouvoir les rembourser, en dette publique.

Ces derniers, chacun de ces états annonçant à son tour son incapacité de rembourser, se déchargent maintenant sur la BCE, un organisme décidément bien centrifuge,  qui vient de racheter pour 100 Mio EUR d’obligations portugaises. Après lui avoir prêté moins d’argent pour émettre de nouveaux titres..  

 Une manière, pour un organisme qui n’a pas le pouvoir d’imprimer des billets, de procéder à un « quantitative easing » plus insidieux que celui de la Fed américaine, puisque la BCE ne gonfle « que » sa propre dette en inscrivant simplement ces montants –non sécurisés par un actif tangible -  à son passif.  

Et l'antidote qui relie création monétaire sans contrepartie et desserrement du nœud coulissant qui s’installe au cou des banques centrales, c’est l’inflation. 

On entend encore aujourd’hui plusieurs échos  - notamment en provenance de Ben Bernanke - qui affirment que l’inflation disparaît en temps de crise. Ou d’autres sources  qui nous disent que l’inflation est maîtrisée et sous contrôle. Ce n’est pas vrai.

Le CPI (Consumer Price Index, index qui mesure l'évolution des prix) nous indique qu’aujourd’hui il est à un nouveau sommet, c’est-à-dire que la soudaine poussée d’inflation de la mi-2008, considérée comme tout-à-fait déraisonnable et comme un « accident de parcours » à l’époque, a été avalée  en moins d’un an et demi.

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En cas de défiance dans la monnaie, cette douce pente inflationniste pourrait rapidement devenir assez raide. D’autant que le pétrole n’a pas encore rejoint ses sommets de l’époque, lui qui était responsable de cette poussée d’inflation. Il en est même assez loin, mais s’il arrive à s'affranchir les 95 USD, il pourrait être rapidement rallier ses sommets.

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Avec 10% d’inflation annuelle, il faut 7 ans pour anéantir les économies des épargnants. Pour l’instant certains dirigeants se gaussent de résister à la crise grâce au taux d’épargne remarquable de leurs citoyens. Ils ne devraient pas perdre de vue que, à partir d’un certain niveau de fuite en avant et de création monétaire artificielle, la panique de détenir du cash deviendra plus importante que la peur d’investir dans n’importe quelle autre classe d’actifs. Les épargnants troqueront leur épargne, vendront la monnaie et provoqueront cette nouvelle vague d’inflation. Tant mieux pour l’or et l’argent, qui emprunteront la même pente ascendante.  L'argent qui vient d'ailleurs de franchir les 30 USD par once, et réduisant sa valeur dans une once d'or à moins de 50, niveau d'avant crise.

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BI(g) PIGS ? Comment rajouter B à PIIGS ?

2 Décembre 2010 , Rédigé par jean-christophe duplat Publié dans #Macro-économie

 

 

 Le 23 juillet dernier les banques portugaises et irlandaises sortaient officiellement grands vainqueurs des stress-tests, totalement blindées contre tout risque de crise systémique.

Ces « tests très aboutis et prenant en compte tous les risques imaginables» par lesquels le monde politique et le fonctionnariat européen cherchaient à se rassurer depuis que des pays comme la Grèce, l’Espagne le Portugal ou encore l’Irlande s'étaient transformés en maillons faibles de la construction de l’Eurozone – ont fait passer toutes les banques irlandaises et portugaises avec mention « très bien ».

Aujourd’hui, le masque tombe et le monde réel, économique, reprend ses droits : ces pays sont attaqués.

 

L’Irlande a été forcée de demander de l’aide ; quant au Portugal, la question n’est plus de savoir si il a besoin d’aide, mais quand le déni politique s'effacera devant la réalité économique.  La parade est connue : la BCE annoncera cet après-midi un grand plan d’interventions sur les marchés par le rachat d’obligations d’état, l’on s’attachera à vanter la solidité de l’économie européenne, et le transfert des dettes publiques continuera à s’opérer sur des épaules fortes, comme celles de l’Allemagne.

 

Après l’Espagne, qui a visiblement besoin de 7 fois plus de fonds que les « petits pays » déjà secourus, viendra le tour de l’Italie et la Belgique, avant la France probablement.

La Belgique est ce pays sans gouvernement depuis 7 mois, et dont les parlementaires sont occupés pour l’instant à :

-          faire du lobbying pour l’organisation de la coupe du monde de football 2018 ;

-          débattre sur la possibilité de créer un nouveau jour férié, payé par les entreprises, pour la journée de la femme, le 8 mars ;

-          se disputer au sein même de leurs partis sur la discussion-bateau du port du voile

 

Pendant ce temps, de l’autre côté de la scène, l’on assiste à une très forte hausse du taux des emprunts à 10 ans, passant de 3 à 4% en moins d'un mois.

 

L’essentiel de la dette belge (100% du PIB actuellement, entre 108 et 125 attendus dans moins de 5 ans..mais un déficit moins élevé que dans les autres pays fragiles européens) étant en mains privées et le taux d’épargne étant très élevé, l’état belge devrait pouvoir continuer à se financer auprès de ses compatriotes (à cet égard,  la campagne actuelle « il n’y a pas plus sûr que l’achat de bons d’état » qui cherche à vendre de la dette long terme à du 2.55% net nous fait sourire, puisque l'inflation sur base annuelle a déjà dépassé ce seuil)

 La Belgique est aussi quatrième prêteur de l’Irlande, au pied du podium après l’Angleterre, l’Allemagne et les Etats-Unis .

L’une de ses grandes banques, la KBC – comme en Irlande, la majeure partie du PIB belge est généré par des sociétés de services en général, le secteur bancaire en particulier - qui a des fonds propres de 11 Mia EUR, est exposée à concurrence de ..18 Mia EUR via des prêts irlandais..mais visiblement ceci n’influence pas les ratios « Bâle II » officiels et rassurants, et ce qui nous incite à utiliser des ratios plus basiques et réalistes.

On le voit, il y a un peu de rassurant dans la situation belge et assez d’éléments moins convaincants. Il faudra suivre l’évolution des taux et le résultat de la nouvelle émission de bons d’état dans les semaines à venir.

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