OVX et VIX : un temps de décalage
Pour compléter mon article précédent, et en mettant en parallèle les indices de volatilité - ou plutôt de panique - sur le pétrole (OVX), et sur les actions (VIX), l'on peut constater que chaque fois que l'OVX se distingue à la hausse, il se fait rejoindre avec un petit temps de décalage, par le VIX.
La hausse de volatilité sur le pétrole, entraîne donc un mouvement de peur sur les marchés actions. L'OVX est passé rapidement de 20 à 42 et le VIX commence à la suivre, passant de 15 à 22 sur les 4 premiers jours de la semaine.
Pour s'en convaincre, il suffit de rajouter l'évolution du S&P 500, qui montre quelques "trous d'air" chaque fois que le VIX sort de sa zone de tranquillité (en-dessous de 20).
Même si l'Arabie Saoudite se dit prête à compenser la baisse de pétrole issu de Libye - au risque de corrompre sa promesse de laisser dans le sol une quantité de pétrole suffisante pour la génération suivante - la volatilité sur le baril ne devrait pas s'estomper si rapidement.
Spread historique entre WTI et Brent et indice de récession
Le brent de la Mer du Nord, qui se négocie ce soir aux alentours de 111 USD, n'a jamais fait montre d'un si grand écart de cours avec les 98 USD du WTI américain, qui réfère à un brut de même qualité, mais produit aux Etats-Unis (West Texas Intermediate).
Il est donc clair qu'il y a un déséquilibre entre l'offre et la demande entre d'une part un baril de pétrole livré aux Etats-Unis principalement, et d'autre part le baril de brent qui est sous contrôle de l'Opep et s'exporte partout dans le monde, et notamment en Chine, récemment devenu le second pays consommateur d'énergie, et qui a besoin d'un million de barils par jour pour soutenir son développement.
Les révolutions émergentes et les bouleversements géo-politiques en cours ne sont certainement pas étrangers à cet écart de cours non plus.
Toutefois, il est probable que ce "spread", ce différentiel ne s'accentue pas dans les semaines à venir, et que tout simplement les 2 références en matière de pétrole se renchérissent durablement. Ceci devrait étouffer la reprise naissante de l'économie occidentale.
Tout renchérissement du pétrole de plus de 15% en moins d'un an a toujours annoncé une période de récession. ce fut le cas en 1973-75, 1980-82, 1990-91, 2000-2001,2008-2009 comme en témoigne ce graphe.
Le prix des matières premières à un plancher
Nous avons déjà pu constater sur ce blog qu’en cette période de turbulence et d’impression de monnaie à outrance, l’or a repris sa valeur d’actif réel et très tangible, qui explique d’ailleurs en grande partie sa revalorisation et l’absence de bulle sur cette ressource.
Si le prix des matières premières s’apprécie rapidement en monnaie-papier, et fait d’ailleurs peur au monde politico-économique qui voit étouffer le retour de la consommation et donc de la croissance qui lui est nécessaire pour poursuivre sa fuite en avant, e prix des matières premières converti en once d’or nous montre que ces actifs n’ont jamais été aussi bon marché..
Sur le marché des commodités, 1000 bushels d’avoine, par exemple, qui s’échangeaient pour 50 onces d’or au début du 20ème siècle, et jamais moins de 20 jusqu’à la fin des années ’70, ne coûte aujourd’hui plus que le prix d’un peu plus de 6 onces, soit une once d’or pour 159 bushels d’avoine.
Le vrai message qui se cache derrière le discours des matières premières qui flambent est en fait que la pléthore de monnaie artificielle a mécaniquement contribué à gonfler le numérateur d’un équation dans laquelle le dénominateur, la valeur de l’argent, ne cesse de se distendre.
Pourquoi préférer les « small caps » aux grandes entreprises cotées ?
Ce n’est un secret pour personne, je préfère les petites capitalisations, de préférence décotée sur leurs fonds propres et présentant un bilan sain.
Ce graphique, qui compare le Dow Jones au PIB américain (en Mia USD), nous montre clairement que les grosses entreprises qui composent l’indice américain sous-performent systématiquement le PIB, et donc ne profitent jamais « à plein » de la création de richesse induite par la croissance du PIB.
Et il est probablement vrai qu’une très grosse entreprise, mature et plus statique, consolidant la plupart du temps ses parts de marché, ne profite pas de l’essor économique comme le fait une PME qui croît en se développant et trouvant des marchés à conquérir, au premier rang de cette création de richesses.
Exprimé en USD constants, cette comparaison nous indique encore que lorsque le Dow Jones a le malheur de croître plus vite que l’accroissement de la richesse intérieure, une correction importante se produite, initiatrice de récession.
Dans une optique de long terme, il faut donc toujours à mon sens privilégier un investissement en « small caps », en veillant à bien diversifier ses positions pour minimiser le risque d’investissement.
N'investir que le premier jour et du mois et surperformer les indices ?
Voici le tableau des performances du Dow Jones le premier jour de chaque mois, depuis septembre 1997. Outre les statistiques, qui encouragent plutôt à un investissement dans la période qui va du mois d'avril à juillet, il est interpellant de remarquer que la performance du premier jour du mois surperforme le Dow Jones dans son ensemble.
Le Dow Jones, à 7'945 le 30 septembre 2007, s'affiche aujourd'hui 12'092, soit une progression de 4'147 ponts. La performance cumulée du premier jour du mois s'élève à 6071 points, soit 46% de plus.
En d’autres termes, la personne qui achète systématiquement, et surtout très basiquement, un tracker sur l’indice Dow Jones à la clôture du dernier jour de chaque mois, et qui le revend à la clôture du premier jour du mois suivant, se limitant donc à conserver sa position moins de 24 heures par mois, surperforme l’indice sur le long terme.
Ceci peut encore convaincre que la stratégie du buy and hold, qui consiste à acheter et ne jamais se défaire de ses actions, n’est pas toujours une stratégie performante, comme vu précédemment.
Reste maintenant à déterminer si la performance d’un hypothétique « fonds premier jour du mois »ne serait pas fortement pénalisé par les frais de courtage.
Révolutions émergentes et risque pétrolier
Après les peuples de Tunisie et l'Egypte, très sensibles au foyer d'inflation sur les matières premières, d'autres pays producteurs vont-ils contribuer à la tension perceptible sur les cours du pétrole ?
Voici un aperçu des plus gros producteurs et si, ni l'Egypte (28ème producteur avec 662'000 barils/jour) ni la Tunisie (55ème et 86'210 b/j) ne menacent vraiment l'équilibre du monde pétrolier, il n'en est pas de même pour les pays limitrophes, aux mêmes caractéristiques (régimes politique "de fer").
En effet si l'Algérie, la Libye, et plus loin peut-être même les Emirats Arabes Unis venaient à connaître les mêmes protestations, c'est plus de 8% de la production mondiale qui viendrait à manquer.
Pour l'anecdote, saviez-vous que la Belgique produisait presque 9'000 barils/jour ?