la crise des subprimes est-elle finie !?
Que de temps, d’événements et d’autres priorités sont passés à l’avant-plan depuis 2007, occultant la racine de la crise actuelle, celle de l’endettement adossé à des actifs surévalués. La crise des subprimes est-elle derrière nous, ou, comme nous l’indiquions il y a quelques mois, les défauts de paiement vont se succéder jusqu’en 2015 au moins ?
Voici le ratio des défauts de paiement supérieurs à 90 jours chez Fannie Mae et Freddie Mac, les parastataux américains chargés à l'époque de "fourguer de la dette" aux ménages américains.
Le pic de début 2010 - respectivement 5.6% et 4.2% - s'éloigne mais les statistiques restent "haut perché" avec 4.5 et 3.8%, très loin des niveaux d'avant-crise oscillant aux alentours de 0.5%.
Et si l'on regarde plus en détail, l'on assiste à une recrudescence de ceux-ci depuis le mois de janvier, princiaplement parce que le nombre de personnes qui n'ont plus remboursé leur crédit depuis plus d'un an sans discontinuer s'est tendu..
Cette crise est donc occultée, mais rien n'est vraiment résolu..
parallélismes Kobé 1995 - Fukushima 2011, et point d'entrée sur le Nikkei
Sur le plan humain, c’est bien sûr un désastre auquel nous assistons au Japon, et nous ne pouvons que nous incliner devant cette catastrophe naturelle.
Bien sûr, les politiciens du monde entier s’agitent, s’emparent de l’affaire et s’empressent de condamner le nucléaire, tout-à-coup revenu sur le devant de la scène bien malgré lui.
Nous n’avons pas eu les mêmes tentatives de recherche d’un bouc émissaire et d’une victime toute choisie lors de la tempête Xynthia et son raz-de-marée en Vendée l’an dernier, qui a dévasté de multiples éoliennes et qui aurait pu conduire à une prise de position politique sur ces installations, ou à un haro sur l’énergie hydraulique lors de la rupture du barrage du Sichuan en 2008 et ses 100'000 morts…
Bien sûr c’est politiquement rentable et encourageant pour le clientélisme social de prononcer des phrases incluant les mots « geler les investissements nucléaires », « encourager les énergies alternatives », « taxer les producteurs d’énergie », etc. mais c’est faire preuve de bien peu de vision stratégique, et de connaissance du dossier nucléaire, qui nous fournit plus de 60% d’énergie propre. N’oublions pas non plus que ce sont des décisions politiques qui sont à l’origine d’hérésies comme l’installation de centrales nucléaires sur une zone du littoral exposée à des mouvements sismiques, ou, plus près de chez nous, à des frontières, les centrales étant parfois gérées sur deux territoires.
Sur le plan boursier, tentons un petit comparatif avec une autre catastrophe japonaise : le tremblement de terre de Kobé en 1995.
Comment les marchés ont-ils réagi ?
Une même réaction épidermique : le marché a très rapidement perdu 25% de sa valeur, puis, 10 mois plus tard, est revenu toucher ses niveaux pré-crise, puis les dépasser et toucher un nouveau sommet après 15 mois.
La valeur du yen est montée au même niveau auquel nous le trouvons aujourd’hui - 80 Yen pour 1 USD -, niveau qu’il n’a jamais vraiment quitté ces 15 dernières années.
Cette hausse du Yen est relativement facile à appréhender : le coût de la reconstruction du pays incite le gouvernement japonais à vendre ses actifs libellés en devises étrangères, faisant d’une part baisser les devises extérieures et renforçant mécaniquement, par la monétisation de ces actifs en Yen, la valeur de leur monnaie nationale.
Le coût de la restructuration est estimé, selon les sources, à une valeur comprise entre 30 et 200 Milliards USD. La fourchette haute ne porte le coût de la reconstruction qu’à 3.6% du PIB japonais, qui s’élève à 5'400 Mia USD
D’autre part, la réaction excessive des marchés nous indique que les cours du marché japonais, le Nikkei qui a été décimé par une déflation persistante ces 25 dernières années, reflètent à présent une valeur identique à la valeur comptable de tous ses composants. Pour comparaison, le ratio cours/valeur comptable du Dow Jones s’élève à 2.9.
Les plus petites capitalisations du Nikkei, réduisent encore ce taux à 0.7 et ne sont évaluées qu’à moins de 40% de leur chiffre d’affaires.
Bref, tout ceci nous incite à surpondérer les actions japonaises aux cours actuels, dans une optique de long terme.
Dollar faible et inflation
Lorsque Ben Bernanke déclare qu'aucune devise ne peut contenir l'avancée des matières premières, il oublie de noter que la chute du dollar, conséquence du déversement de liquidités qu'il a opéré ces 3 dernières années sur les marchés, est un terrible foyer d'inflation pour ces matières premières. En d'autres termes, organiser une chute du dollar ne peut que donner du carburant aux matières premières toutes cotées en USD.
Ce graphique nous montre les points d'inflexion du dollar (en vert), totalement antinomiques à ceux du CRB Commodity Index (en orange). L'on note par exemple le regain de force du USD au cours des mois d'avril à juillet de l'an dernier, qui avait réussi à maîtriser l'inflation galopante des matières premières durant ce second trimestre, ou la faiblesse du dollar au cours du trimestre actuel, qui profite largement aux "commodities".
Emprunts d'état : mars, mois de tous les dangers pour l'Euro
Après que l'Euro ait retrouvé des couleurs ces dernières semaines, le mois de mars pourrait annoncer un revirement de tendance.
Le besoin en refinancement des pays et institutions financières de l'Eurozone s'élève à plus 300 Mia EUR pour ce seul mois.
Ceci devrait inévitablement entraîner des doutes sur la solidité de l'eurozone et de sa monnaie.
Par contre l'équation serait trop simple si nous n'avions pas, d'autre part, la poussée du baril de pétrole, dont la cotation en USD lui permet de maintenir son prix en euro en appuyant une baisse du dollar.
Et comme autre élément perturbateur à cette contraction de l'euro, nous trouvonsle FMI qui propose de dévaluer le USD pour résoudre ses problèmes de déficit et de dette. Un appel à l'inflation d'un monde politique sans solution.
L'or devrait en tous cas continuer à retrouver son statut de monnaie à part entière..