Grèce : 50% de « haircut », un trompe-l’œil insuffisant
L’ultime des « sommets hebdomadaires bilatéraux européens » a donc accouché d’une résolution qui va faire renoncer aux banques créancières une partie de la dette grecque, soit 100 Mia €. Un montant décidément fétiche pour la Grèce.
D’un autre côté, le « fonds de secours » européen sera pourvu – sur papier seulement– de 1'000 Mia € afin de secourir les pays qui seront frappés d’un effet domino. Cette mesure anticipe la prochaine mesure de la BCE, qui demandera une augmentation des billets en circulation.
L’on nous indique que l’abandon de créance correspondrait à 50% du total de la dette grecque. Ce n’est pas correct.
Car si l’on rajoute aux 205 Mia € « visibles » de dette publique détenue par le marché, la part des emprunts émis par l’état grec et rachetés par la BCE – en contradiction avec ses statuts – qui s’élèvent à environ 75 Mia €, nous sommes déjà à 280 Mia € de dette publique.
En outre, l’aide accordée en juin dernier par la Troïka (UE, FMI et BCE), remboursable en 2015 et qui s’élevait à 70 Mia € ne figure pas non plus dans la base du calcul de la dette publique.
La dette publique grecque actuelle s’élève donc à 350 Mia €. Effacer 100 Mia revient donc à un « haircut » de moins de 30%.
D’après le dernier rapport de la Troïka qui n’est pas diffusé, mais dont le Bild semble avoir obtenu une copie, la dette publique de la Grèce atteindra 152% du PIB en 2020, et toujours 130% en 2030. Dans 20 ans, ce pays sera toujours en faillite…
Cet abandon de créance ne sera pas suffisant. Nous attendons le prochain sommet pour le vérifier.
Grèce en faillite ; Italie et France dans le viseur
Selon une dernière étude de la BBC, il faudra maintenant 551 Mia EUR pour sauver la Grèce. Cette fois-ci en actant définitivement leur perte.
Ce qui semble confirmé ce soir par Guy Verhofstadt, annonçant par fuite maîtrisée un scénario d’abandon de 60% de la dette grecque.
Autre chose que les 5 ou 10% pris en compte dans les « stress test » rigolos des banques européennes. Autre chose aussi que les 252 Mia calculés par la Troïka (BCE, UE, FMI) dans leur dernier rapport.
551 Mia EUR, c’est cinq fois plus que ce que nous aurait coûté une faillite rapide et ordonnée, avec l’abandon des 109 Mia de plan d’aide.
La faillite de la Grèce, que nous jugions inévitable depuis belle lurette, est donc toute proche et le contribuable européen, pourtant plus clairvoyant que ses représentants, est de nouveau seul face à un interventionnisme et une fuite en avant qui n’ont fait qu’aggraver une faillite transgénérationnelle.
Lorsque l’on voit que le peuple peut lyncher un dirigeant – aussi controversé soit-il – sous les bravo et l’œil bienveillant de la communauté internationale, que penseraient-ils d’un massacre des tyrans de la dette ? La Grèce est donc en faillite. Soit. Mais qui voudrait sauver l’Italie, à présent, un pays qui, avec une dette équivalente à celle de l’Allemagne, 1’800 Mia EUR, et couplé de 117% de degré d’endettement/PIB, semble trop grand pour être sauvé ?
Nous avons vu que si le taux des emprunts à 10 ans arrive à 7%, un pays ne peut plus se financer sur les marchés et doit faire appel au FESF, au FMI ou à tout autre mécanisme de sauvetage. Qui n’ont pas assez d’argent (emprunté) pour venir à son secours.
Qui donc voudrait la sauver, hormis la France, première détentrice de la dette italienne, dont on comprend l’insistance à pourvoir le FESF de 2'000 Mia EUR..?
Voici le graphe qui retrace le plus fiévreux des taux actuels, mis en rapport avec les sommets politiques qui servent à éteindre, chque fois à court terme, les incendies sur l’évolution de ce taux.
Nul doute que l’Italie ne va plus longtemps pouvoir se financer sur les marchés traditionnels..
Inflation UK à 5.2 %
D’une part, nous avons l’Office anglais des statistiques qui vient de publier des chiffres record d’inflation, l’index des prix à la consommation (CPI) culminant à 5,2% au mois de septembre. Ce qui ne reflète pas entièrement les 17% de hausse des prix énergétiques, et surtout l'envolée, ces trois dernières années, du prix des matières premières.
D’un autre côté, le bureau du plan belge a juste revu à la baisse ses prévisions d’inflation, à seulement…1,8% pour 2012.
L’on peut se poser la question de la pertinence d’une continuité du calcul d’inflation, tant cette formule a été biaisée au fur et à mesure de l’ajustement du panier constitutif du calcul de cette inflation.
Nous l’avons déjà démontré ici à plusieurs reprises, mais tenons à rappeler que la Belgique, tout comme bon nombre de pays continentaux européens, exclut la hausse des prix de l’énergie et de la nourriture – le prix du pain est passé de 1.60 à 2.10 € en moins de 4 ans – de ses statistiques officielles. En d’autres termes, la population européenne ne se nourrit pas, ne se chauffe pas, et ne passe jamais à la pompe, ceci pour adoucir les statistiques. Par contre le panier surpondère le matériel technologique, celui qui se déprécie de 30% dès que l’on sort du magasin.
Rappelons l'existence du site shadowstats, qui continue à calculer les statistiques (américaines) au jour le jour, sans tenir compte des manipulations qui les ont décrédibilisées au cours du temps.
Arcelor Mittal, un communiqué annonciateur de récession
La direction d’Arcelor Mittal a annoncé hier soir la fermeture de deux hauts-fourneaux, et annonce des perspectives prudentes pour les mois à venir.
Comme vu précédemment, Mittal est très en amont sur les cycles conjoncturels, et l’annonce faite hier est un indice précurseur de récession, qui vient confirmer nos autres indicateurs avancés.
L’on se rappelle que notamment en 2001, et à la mi-2007, Mittal avait annoncé d’autres fermetures par manque de visibilité, se révélant alors anticipateur de récession.
L’annonce faite par cette société, probablement une des mieux gérées au monde et très créatrice de valeur pour l’actionnaire – contrairement aux propos de Guy Dollé, victime en 2006 de cette OPA sur son groupe Arcelor, souffrant alors d’une décote importante liée au manque de qualité du management (« Mittal veut payer les actionnaires d’Arcelor en monnaie de singe, en actions Mittal qui ne valent rien ») - fait évidemment une nouvelle fois courir nos politiciens, poules sans tête qui n’ont jamais essayé d’anticiper les changements structurels de notre société, trop occupés à sauver l’emploi sur des métiers à très faible valeur ajoutée, notamment la sidérurgie et le montage de véhicules.
Un gouvernement en Belgique : que faire pour éviter la taxation des plus-values ?
Mon job de conseil en finance et fiscalité d’entreprise reprend le dessus, car l’on annonce en Belgique l’imminence de la formation d’un gouvernement. Hélas, il se mettra tout de suite à la recherche d’au moins 7 milliards € pour obtenir, comme chaque année sur papier, un budget en équilibre.
Dans sa note préparatoire, rendue publique par le probable premier ministre, il est question de bouleversements au niveau de la taxation des particuliers et entreprises. Notamment sur le plan boursier.
Pour remettre les choses dans leur contexte, commençons par rappeler que la Belgique a un gouvernement démissionnaire depuis mai 2010. Ce qui est souvent dépeint comme un drame par les media, qui oublient de souligner l’importance donnée aux..6 autres gouvernements régionaux et communautaires, qui, eux, sont en exercice.
Nous devrions donc avoir un gouvernement qui rassemble pratiquement l’entièreté des partis présents sur l’échiquier belge.
Néanmoins – parce que c’est également cela la Belgique - c’est dans l’opposition que nous trouverons le grand vainqueur des élections, un parti nationaliste flamand (NVA) qui rassemble 30% des voix. Tandis que dans la majorité future, nous trouverons, autour des socialistes belges– seuls en Europe à progresser -, les deux grands perdants de ces élections (libéraux centristes, et démocrates chrétiens). La soif de pouvoir n’a pas de limite à la compromission et au déni de la démocratie.
Rappelons aussi que sur le plan fiscal et boursier, la Belgique a beaucoup d’avance sur les autres pays européens puisqu’elle a instauré une “taxe Tobin” - dont tout le monde parle actuellement - dès 1989 (adaptant alors une loi de ..1913 sur les timbres), en prélevant un montant de 0.17 pour mille sur toutes les transactions boursières portant sur les actions.
La succession de gouvernements centristes a aussi, pourtant durant les plus belles années de croissance, instauré de multiples taxes temporaires de crise, notamment en 1993 un accroissement de 3% du taux de l’impôt des sociétés et une cotisation temporaire à charge des sociétés – sur base de leur pied de bilan - cotisation qui est toujours réclamée aujourd’hui.
Tout cela n’a malheureusement pas aidé à diminuer les déficits structurels que ces gouvernements successifs ont creusés. Au contraire, il semblerait que cette multitude de taxes ait contribué à l’essor des dépenses publiques.
Revenons à la « note de travail » de notre futur chef du gouvernement.
Parmi de multiples hausses de taxes et de nouveaux prélèvements, il est fait mention d’un projet de taxation sur les plus-values.
Or, l’un des derniers avantages dont peuvent bénéficier les résidents belges est justement cette exonération de plus-value, en cas de vente de titres (en bourse ou non), et notamment lorsqu’un chef d’entreprise décidait de mettre sa société en vente en en cédant les actions.
Dans le radar donc, ces plus-values qui seront taxées, à l’impôt des personnes physiques, « dans un souci d’harmonisation européenne » (sic), au taux de 25% qui équivaut à celui du précompte sur les dividendes versés, si la cession des titres intervient dans une période de 1 à 8 ans suivant leur acquisition. Le tarif de taxation passera à 50% si la plus-value est réalisée dans un délai inférieur à 1 an. Une mesure qui vise – toujours dans ce fourvoiement politique et cette recherche de bouc-émissaire, que nous avons dénoncés plusieurs fois – à « freiner les spéculateurs responsables de la crise actuelle ». Crise de la dette publique, pourtant.
Comment éviter cette taxation ?
L’actionnaire doit éviter de conserver ses titres en personne physique.
En vendant ses actions à une société qu’il crée, l’actionnaire (personne physique) s’en défait à titre irrévocable et pourrait subir de ce fait une « plus-value interne » sur laquelle le fisc belge l’imposerait à 33%. A éviter, donc.
En créant une société holding à laquelle l’actionnaire va apporter (sans les vendre) ses actions en guise de capital, c'est-à-dire que sur l’acte constitutif, il sera mentionné que le capital a été apporté par le fondateur sous forme d’actions, et non en espèces, l’actionnaire ne sera pas imposable. Ces actions seront logées dans le bilan de la société.
Par après il devra attendre 3 ans – un minimum prévu par le fisc - et procéder à une diminution de capital, opération exempte de toute taxation, pour récupérer ses avoirs.
Les banques, nouvelles colonies du 21° siècle
Maintenant que Dexia.gov va se placer sous protectorat belgo-français – la fuite en avant privilégiant encore une fois une sauvegarde à tout prix plutôt qu’une faillite, qui permettrait de dégonfler le bulle du crédit de manière raisonnée - quelle sera la suivante ?
Une analyse du risque bancaire de Espirito Santo qui détermine la dépendance des banques au financement de court terme, et la force de leur ratio de liquidité, nous indique sans surprise que les banques françaises Société Générale et BNP Paribas (rappelez-vous « la banque la plus forte d’Europe qui avait sauvé Fortis ») ont un peu plus de liquidités que Dexia, mais sont beaucoup plus dépendantes des financements à court terme, qui se tarit, le marché interbancaire étant en panne.