Pourquoi augmenter ses fonds propres quand il suffit de restreindre le crédit ?
Comme nous l’avions constaté il y a presque 3 ans déjà, une solution structurée à la crise de l’endettement qui n’est à présent toujours ni maîtrisée ni plus maîtrisable passerait par (i) une acceptation de la faillite de certaines banques – au détriment de la sauvegarde de l’emploi à tout prix, qui n’a reçu aucun influx positif - et par (ii) la notification faite aux épargnants de l’impossibilité de disposer de tout ou partie de leur épargne lorsque la banque en a fait un instrument de levier. Par exemple via une mention sur son extrait de compte qui lui signalerait «Votre solde réel est de 1'000 EUR, malheureusement comme nous avons prêté votre argent, votre solde disponible est de 0, et vous ne pouvez en disposer jusqu’à nouvel ordre».
Ces mesures auraient permis un « deleveraging » organisé et structuré, un assainissement mécanique du bilan des banques, et évité le transfert de dettes privées vers les états par un interventionnisme massif aux dépens du contribuable.
Rappelons au passage qu’une des sources durable du manque de confiance sur le marché interbancaire est encore et toujours la sous-capitalisation des principaux établissements financiers européens dont le ratio « actifs sous gestion sur fonds propres » varie de 20 à 35. En d’autres termes, ceci signifie qu’une perte ou moins-value enregistrée sur seulement 3 à 5% du total de l’actif de ces banques entraîne leur faillite.
Pour sauver ce qui peut encore l’être, ces banques et assureurs ont le choix soit de renforcer le dénominateur de cette fraction -leurs fonds propres - pour tenter d’améliorer ce ratio, soit de diminuer l’octroi de crédits et mécaniquement faire baisser le numérateur.
Il est clair aujourd’hui que, la première solution est bien plus embarrassante, visible et de mauvais genre que la seconde, plus insidieuse et très facile à appliquer, au détriment d’une croissance, même hypothétique.
Au vu des dernières statistiques de la Fed, qui font état de variations annuelles négatives sur l’octroi de crédit, il faut bien admettre que les banques ont arrêté de prêter, tant aux entreprises qu’aux particuliers.
Si l’on considère – nous y reviendrons plus en détail plus tard – que :
- les banques n’ont plus aujourd’hui la capacité de renforcer leurs fonds propres par des moyens financiers véritables, et que ce sont les états qui devront tôt ou tard continuer à intervenir massivement pour porter le ratio évoqué ci-dessus à 11%, comme le proposent les normes de Bâle III
- le taux de chômage devrait doubler d’ici à 2016, sur base d’un effet inversément proportionnel à la baisse du PIB européen
le budget des états européens devrait connaître un véritable coup de massue dans les mois qui viennent et, sans changement structurel excessivement important, sera véritablement « ratiboisé » par ces deux lames de fond.
Le cuivre, indicateur avancé des marchés financiers
Ces dernières années, le cuivre s’est montré un intéressant indicateur précurseur quant à l’évolution des marchés financiers.
Comme nous l’illustre ce graphique qui compare le cuivre au S&P 500, lorsque le métal montrait des signes de faiblesse, il était temps de sortir des marchés avant qu’ils ne corrigent. De la même manière, une hausse durable du cuivre anticipait un rebond boursier important.
Ceci s’est toujours produit avec un écart allant de 1 à 8 mois.
Ces dernières semaines une correction importante de ce métal – passant en un mois de 4.2 à 3 USD pour une livre – ne s’est pas encore répercutée sur les places boursières.
Ce signal baissier important est donc à tenir à l’œil, d’autant plus que les pays de l’union européenne, avec 19% de la consommation mondiale de cuivre, étaient jusqu’à présent un soutien à cette hausse.
Or les dernières statistiques font état d’une contraction de la production industrielle de 2%.
Qui va racheter l’or détenu par l’Italie ?
Selon le dernier rapport du World Gold Council, l’Italie détient près de 2'450 tonnes d’or en réserve. A un cours de 41'900 €/kg, la vente en dernier recours, et sans décote, de cet actif pourrait rapporter 102 Mia € au trésor.
Même si l’état italien est un des plus gros détenteurs d’or, c’est très peu en comparaison de ses 1'900 Mia € de dette publique.
Il faut aussi se rendre compte que la vente éventuelle de cet actif ne permettrait à l’Italie de rembourser...moins d’une année d’intérêts sur la dette publique, à un taux qui culmine à plus de 6.65% ce soir.
Rappelons qu’à 7% l’appel au FMI et au EFSF, fonds de secours européen - qui n’aura déjà plus les moyens de venir au chevet de l’Italie – sera inévitable, ce qui nous promet l’organisation de nombreux nouveaux « sommets européens décisifs » dans le courant des mois à venir.
Tout comme elle a tenté- sans succès - de la faire pour le Portugal et l’Espagne, l’Allemagne presse l’Italie de vendre son seul actif tangible.
Peut-être en vue de conditionner sa future intervention et celle du contribuable allemand dans le rachat de la dette italienne à émettre, en échange de cet actif.
Probablement aussi pour négocier un rachat de dette européenne avec la Chine, qui est visiblement aussi intéressée, comme nous l’indique le Times, par un rachat de l’infrastructure européenne, comme le très central port de Pyrée, l’aéroport d’Athènes, etc.
L’or et l’infrastructure, décidément d'excellents remparts contre l’inflation.
Qui détient la dette italienne de 1'800 Mia € ?
Pour prendre de l’avance, et alors que le gouvernement grec déporte sa décision d’accepter sa mise en faillite partielle à une consultation populaire, tâchons déjà de voir quels pays sont très exposés à un défaut italien.
La dette publique italienne s’élève à présent à plus de1’800 Mia €.
La France en possède 30%, soit 20% de son propre PIB – ceci met en lumière l’empressement de son dirigeant à doper les moyens financiers du fonds de secours européen.
L’Allemagne et l’Angleterre sont les deux autres plus importants créanciers de l’Italie.
Plus en détail, l’on apprend par Linkiesta que la dette italienne est détenue à 44% par les investisseurs étrangers, principalement des banques et assurances européennes, tandis que 6% de la dette est entre les mains d’investisseurs asiatiques.
Nous restons en conséquence toujours bien à l’écart des secteurs hautement vulnérables que sont la banque et l’assurance.