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Grèce : quelques idées préconçues

31 Mai 2012 , Rédigé par jean-christophe duplat Publié dans #europe grèce

 La stratégie de fuite en avant, à fonds perdus, qui vise à retarder au plus la résolution de la crise de la dette par un monde politique impuissant,  présente souvent le cas grec comme un cas isolé, totalement indépendant de « la grande forme » qu’affichent les autres pays européens, parce que les Grecs sont des paresseux, des tricheurs et autres profiteurs des allocations sociales.

Afin de rester critique et ramener de l’objectivité dans ce débat, il nous a semblé intéressant d’analyser quelques chiffres.

 

Selon Eurostat, qui compile les statistiques propres à chaque pays de l’union européenne, le taux de pauvreté - qui est atteint statistiquement lorsque le salaire d’une personne est inférieur à 60% du revenu moyen national, y inclus les allocations sociales – était le plus élevé en Grèce, suivie de près par le Portugal, l’Espagne et l’Italie sur la période 1995-2010.

poverty-rate.jpg

Or si les allocations de chômage étaient plus élevées, et comme elles sont intégrées dans ce calcul, le taux de 20,4% se serait mécaniquement réduit, et pourrait contribuer à réduire ce taux de pauvreté.   

 

Notons au passage que le pays où le seuil de pauvreté est le plus élevé, avant distribution de ces allocations sociales (chômage et pensions) est..la France, dont l'argent public contribue à réduire ce taux de 43 à 13,8% !

psy_f3.jpg

 

D’autre part, les chiffres nous montrent que les Grecs sont ceux qui travaillent… le plus au sein des 27 pays de l’union européenne, avec une moyenne de 43,7 heures de travail par semaine en 2010 ou 42,1 heures en 2011, à mettre en correspondance avec la moyenne européenne de 37 heures/semaine.

 

Enfin, la pression fiscale en Grèce, avec 34% en 2010, était certes loin des 50% de la Belgique, et sous la moyenne européenne de 39%, mais laisse peu de marge de manœuvre pour équilibrer les comptes grecs sans enfoncer sa population elle-même dans ce cercle vicieux de la pauvreté.

 564px-Table_2_Tax_rate_indicators_on_low_wage_earners-2010.png

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Quels sont les pays qui ont déjà quitté une zone monétaire unique ?

25 Mai 2012 , Rédigé par jean-christophe duplat Publié dans #Macro-économie

L’actualité nous a poussés à chercher des cas semblables de sortie de zone monétaire dans l’histoire économique, et leurs conséquences.

 

Selon une étude de la faculté Berkeley, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, 69 pays se sont affranchi d’une monnaie commune qu’ils partageaient avec d’autres états.

 

Dans la majorité des cas, cette décision était étroitement liée à l’accès à l’indépendance de ces états, les libérant d’une monnaie qu’ils n’avaient pas eux-mêmes choisie initialement.

 

Nous avons toutefois, près de chez nous, l’Irlande qui s’est émancipée de la livre sterling anglaise en 1979 pour frapper sa propre monnaie, le Punt.

Cette livre irlandaise fut très vite fortement dévaluée, et pourtant l'Irlande, à coups d'immigration massive en provenance d'Asie et d'Europe de l'Est, a réussi à générer un nouveau modèle de croissance pendant 20 ans.

 

exit zone monétaire 

D’une manière générale, ce choix d’une nouvelle monnaie a fait croître l’inflation, accru le PIB et la richesse de ces pays, et amené plus de démocratie. Il n’a par contre pas fait diminuer les dépenses publiques..   

  

csq exit

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Or : consolidation avant un nouvel élan haussier ?

18 Mai 2012 , Rédigé par jean-christophe duplat Publié dans #or

Puisqu’il a reflué de 20% depuis son plus haut du mois d’aout dernier, certains média ont annoncé hier l’entrée de l’once d’or dans un marché baissier.

 

Cette analyse est probablement un peu biaisée puisque le cours de l’or, en allant toucher les 1'523 USD en décembre dernier, était plus bas que son niveau actuel.

 

160512-gold-9m.png 

 

D’autre part, si le cours de l’or monnayé en USD a effectivement baissé significativement, c’est aussi du à un ajustement compensatoire de l’appréciation de la devise américaine, qui a progressé de 9% en moins de deux mois, pour passer de 1.3478 $/€ à la mi-mars à 1.2647 aujourd’hui.  

Le tracker GBS, coté en €, ne montre à ce sujet pas d’affaiblissement similaire à celui de l’or exprimé en USD.

 160512-GBS.jpg

 

Fondamentalement, l’or a été mis sous pression en raison d’une baisse de la demande, principalement dans l’industrie du bijou et de la technologie, mais cette demande reste encore vigoureuse. En témoigne la Chine où la demande d’or physique a augmenté de 13%, à un nouveau record, au premier trimestre.

 

L’historique de l’or nous montre également un élan haussier s’étalant traditionnellement de la mi-juin à la mi-septembre.

 

160512-gold.png

 

Enfin, l’économie américaine soutenue artificiellement depuis 4 ans par les différents programmes de Quantitative Easing de la Fed (inondation des marchés par des liquidités, émises sans aucune contrepartie) devrait tôt ou tard annoncer un troisième programme du même type, et donc inévitablement rapatrier les investisseurs vers la seule valeur sure en cette période de disette où plus aucune monnaie n’a la confiance des opérateurs.

 

 

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L’Allemagne quitte la zone euro : une hypothèse de plus en plus envisageable

15 Mai 2012 , Rédigé par jean-christophe duplat Publié dans #Economie Politique

 Selon les dernières données de la Banque des Règlements Internationaux, l’Allemagne possède une créance sur les banques étrangères qui peut se répartir comme suit (en Mia €) :

 

USA :          414.50
France :     123.50
Espagne :  131.70
Portugal :     26.60
Irlande :        82.00
Grèce :          15.90
Italie :          120.00
Japon :          42.50
UK :              379.30

 

D’autre part, elle a une dette envers les établissements financiers européens qui s'identifie comme suit :

 

 

USA :          -174.40
France :      -205.80
Espagne :        0.00
Portugal :        0.00
Irlande :          0.00
Grèce :            0.00
Italie :         -202.70
Japon :        -108.30
UK :            -141.10

 

 

A la lumière de ces chiffres, nous pouvons constater que l’Allemagne possède une dette nette  - une dette plus importante que ses créances – envers la France (à hauteur de 82.30 Mia), l’Italie (82.70 Mia) et le Japon (65.80 Mia)

 

Dans l'analyse du scénario d’une sortie de l’Allemagne de la zone euro, nous allons partir de l’hypothèse que l’Allemagne émet un nouveau Deutsche Mark (DEM), qui, émis à la parité pour simplifier, vaudrait 1 €.

 

Son ancienne dette resterait entièrement évaluée et remboursable en €, mais elle lancerait immédiatement un nouvel emprunt d’une durée de 12 à 18 mois, libellés en DEM, qui rembourserait l’intégralité de sa dette extérieure, soit dans ce cas 832 Mia €.

 

Nous n’avons aucun doute sur la souscription intégrale de ce nouvel emprunt, lancé à des taux identiques, si pas inférieurs aux taux à laquelle l’Allemagne emprunte à l’heure actuelle – soit des taux réels négatifs puisqu’ils sont en tout état de cause inférieurs à l’inflation - tellement la confiance des créanciers serait intacte vis-à-vis de cette nouvelle monnaie forte.

 

Très vite, cette nouvelle monnaie s’apprécierait face à un euro de plus en plus faible.

 

En prenant l’hypothèse d’1 néo-DEM qui vaudrait 2 € endéans la première année de son lancement, les souscripteurs du premier emprunt allemand – qui devraient obligatoirement être les pays de la zone euro -  seraient triplement gagnants :

 

(i)                  immédiatement, en encaissant  le remboursement de leur créance allemande dès la levée de fonds du premier emprunt en DEM, qui leur servirait alors à alléger le fardeau de la dette par un deleveraging rapide que ces pays cherchent actuellement à tout prix,

(ii)                d’autre part,  après 12 ou 18 mois, en encaissant 100% de la valeur de leur emprunt en devise à l’échéance, ils reconvertiraient les nouveaux DEM ainsi perçus, pour en obtenir mécaniquement le double dans leur devise nationale. Leur dette nominale vis-à-vis de l’Allemagne serait  divisée par deux, et donc le poids de la dette serait mécaniquement très significativement réduit.

(iii)               et enfin, les pays les plus faibles ayant pu profiter de la revalorisation cette nouvelle devise forte, devraient obligatoirement affecter le surplus généré par cette opération à l’apurement d’autres dettes souveraines.

 

 

Ce choix pénalise à première vue fortement la balance commerciale allemande, puisque la théorie veut qu’une devise forte pénalise les exportations.

Ce déficit peut être évité par une action de la nouvelle banque centrale allemande, action qui serait ciblée sur l’orientation des taux.

A contrario, c’est aussi une bonne nouvelle puisque les autres états européens trouveraient dans le dynamisme de leurs exportations – par une hausse des importations allemandes -  le relais de croissance qu’ils cherchent actuellement.  

 

Choisir l’exit du pays le plus fort de la zone euro– dont la devise était d’ailleurs déjà très surévaluée lorsqu’elle a été convertie à l’€  – est donc probablement la solution la plus raisonnable pour arrêter la fuite en avant et enfin s’attaquer à la réduction de cette bulle de crédit, de manière très ciblée et raisonnée.

 

Si le pays le plus faible quitte la zone –sans aucune chance de relancer son économie ni une monnaie dont aucun créancier ne voudra-  lui succédera un autre pays faible au sein de la zone euro, qui prendra une posture similaire, et tôt ou tard demandera aussi à quitter la zone euro, sur base du très mauvais signal qui aura été avalisé par les autorités.

Une fuite en avant qui perdurerait.

 

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Citigroup Economic Surprise Index et pétrole

11 Mai 2012 , Rédigé par jean-christophe duplat Publié dans #Marchés financiers

Le « Citigroup Economic Surprises Indicator » prend en compte et compile toute une série de statistiques parues sur le front économique, les compare à l’anticipation faite par le marché sur ces chiffres, pour ensuite chiffrer l’évolution à la hausse (consensus battu) ou à la baisse (déception) du contexte économique. 

 

L’on remarque clairement sur cette première analyse que le prix du pétrole (en jaune), lorsqu’il arrive à un certain niveau, ne stimule plus l’économie, et contribue même à une dégradation rapide du climat des affaires.

Raison de plus pour soutenir que le pétrole devrait refluer significativement dans les semaines à venir.   

 

oil-surprises-05-12.jpg

 

 

D’autre part, cet indice est passé en territoire négatif le 23 avril dernier, et s’établit aujourd’hui à -27.6%.

 

Or chaque fois qu’il s’est affranchi de cette zone, comme le montre cette courbe, les marchés financiers ont accéléré leur mouvement baissier.

Il s'agira probablement de l'accélération du mouvement de correction entamé il y deux semaines, et donc tout nous incite à attendre la fin de ce mouvement de baisse.

 

economic-surprise-index-vs-SP500110512.jpg 

 

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Le repli du Brent anticipe un retournement à la hausse du VIX : un tracker adéquat

9 Mai 2012 , Rédigé par jean-christophe duplat Publié dans #Marchés financiers

 

Le Brent – le baril de pétrole de la Mer du Nord – a plusieurs fois heurté le niveau des 126 USD, sans réussir à s’en affranchir, avant de refluer en moins d’un mois vers les 113 USD.

 

Or toute baisse significative du Brent a été suivie d’une hausse du VIX dans les deux mois qui ont suivi. Il se situe à 19.05 aujourd'hui.

 

Brent-Vix-090512.png

 

Cette hausse du VIX traduit un sentiment de grande fébrilité sur les marchés, et entraîne une baisse, parfois violente, des indices boursiers, comme en témoigne le comportement du S&P 500, en brun sur ce graphique.

Cette baisse des marchés correspondra probablement à une énième capitulation au sein du grand marché baissier actuel, et constituera alors seulement un point d'entrée intéressant.


VIX-SPX-090512.png

 

 

Afin d’anticiper cette probable accélération haussière du VIX, le tracker VQT permet d’en profiter.

Il s’agit d’un tracker qui est en temps normal investi partiellement en actions, en cash et en futures sur le VIX afin de battre le marché, avec un basculement total en futures sur le VIX lorsqu’il détecte une hausse de ce VIX.

La performance du VQT fut de +16% en 2011 tandis que pratiquement tous les marchés étaient perdants.  

 

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France : Performances du Cac40 avant et au lendemain des élections

4 Mai 2012 , Rédigé par jean-christophe duplat Publié dans #Marchés financiers

 D’après des statistiques compilées par Bloomberg depuis 1965 et couvrant donc  8 élections françaises, la bourse de Paris a pour habitude de gagner 2,1% le mois qui précède l’élection et de perdre 2,8% au cours du mois qui suit le scrutin présidentiel.

 

Exception cette année : le Cac 40 a, entre le 5 avril et la clôture au 4 mai 2012, perdu 4.65%, dont -2% cette seule dernière semaine. 

 

Le lundi 11 mai 1981, au lendemain de la première investiture d’un candidat socialiste, la bourse avait très lourdement chuté - perdant jusqu’à 22% et n’arrivant à trouver un équilibre de cotation que pour 10 valeurs seulement - il est vrai sur des craintes justifiées de l’application d’un vaste programme de nationalisations.

 

Le 10 mai 1995, le Cac 40 performe de +1.87%

Le 6 mai 2002, la bourse de Paris cède - 0.33%

Et le 7 mai 2007, l’indice s’est adjugé + 0.99%

 

Mise à jour : le lundi 7 mai 2012, la bourse de Paris s'est finalement adjugé +1.65% à 3'214.22 points, dans de faibles volumes, après avoir passé la première moitié de la journée en territoire négatif.

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D'autre part, afin de garder un peu de recul et un esprit critique sur ce que les uns reprochent aux autres, voici l'évolution de la dette et l'importance du déficit sous les différents gouvernements qui se sont succédés depuis 1981.

Un point-clé de la prochaine présidence.  

 

 

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Ratio AAPL –RIMM, source d’un Nasdaq fortement surévalué

2 Mai 2012 , Rédigé par jean-christophe duplat Publié dans #Marchés financiers

25 avril 2012 : l’action Apple (AAPL) s’adjuge plus de 10% de hausse. Rien de fondamentalement anormal après une publication flatteuse relative au premier trimestre 2012.

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Mais plus que des ratios totalement déconnectés de la valorisation traditionnelle d’entreprises - et notamment une capitalisation boursière supérieure au quadruple de son seul chiffre d’affaires, ou un dividende qui rembourserait l’achat d’une action à 583USD  en 220 ans – il en est un qui est particulièrement interpellant : lors de cette journée du 25 avril, la capitalisation boursière de AAPL, en passant de 523 à 576 milliards USD s’est adjugée plus de..7 fois la capitalisation boursière totale de Research In Motion (RIMM), son concurrent produisant le Blackberry.

A ce jour, la capitalisation de RIMM se monte à 7.50 Mia USD, pour 546 Mia USD chez AAPL.

En d’autres termes, chaque fois que l’action Apple s’adjuge 1.37% de hausse, elle engloutit toute la capitalisation boursière de Research In Motion..

Jaugeage rapide du marché sur lequel ces valeurs s’échangent, le Nasdaq : l’analyse par le PER (le rapport cours bénéfice) nous donne un ratio de 27, tandis que le facteur qui met en rapport la totalité des dividendes distribués sur le Nasdaq avec la capitalisation totale de l’indice, nous sort un chiffre de 0.5%.

Or l’expérience des précédentes hausses paraboliques nous a toujours indiqué qu’un PER supérieur à 20, couplé à un rendement inférieur à 3% ouvre la voie à une bulle spéculative qui est toujours suivie d’une correction d’envergure.

Cette envolée se voit particulièrement bien sur le parcours du Nasdaq divisé par le cours de l’once d’or.

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