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Ratios bancaires et exposition aux produits dérivés

31 Juillet 2012 , Rédigé par jean-christophe duplat Publié dans #Economie

Maintenant que la saison des assemblées générales et donc de la publication des comptes a sonné, nous avons mis à jour notre petit tableau de solidité financière des banques cotées sur Euronext.

 

Rappelons que les exigences de Bâle II portent sur des fonds propres situés entre 11 et 13.5% du total de bilan, mais en y incluant toutes sortes d’artifices et retraitements permettant de gonfler ce ratio de manière respectable, et de passer les « stress tests » haut la main.

 

Seule une banque de notre échantillon possède plus de 5% de fonds propres, si l’on divise ses capitaux propres par son total de bilan.

Ce taux de 5.88% dégagé par la KBC signifie qu’une dépréciation ou un retrait de 6% des actifs inscrits à son bilan suffit à lui faire perdre tous ses fonds propres.  

 

Alors que penser de Crédit Agricole ou Deutsche Bank qui, en voyant s’évaporer le moindre petit quarantième de leur bilan, seront en situation de faillite ?

   

Ce qui est encore plus préoccupant, c’est l’exposition de ces banques aux produits dérivés.

   

En 4 ans, la part des instruments de couverture logés dans le bilan de ces banques s’est accrue de manière exponentielle, ce qui témoigne de leur appétit du risque pour restaurer leurs marges, mais aussi et surtout de l’importance du levier qui se cache derrière ces opérations de couverture, mettant une nouvelle fois en danger la structure, déjà très fragile, de leurs bilans.  

 

 

total bilan

Capitaux Propres

ratio

 

 

 

 

KBC

285.382.016

16.772.000

5,88%

BNP PARIBAS

1.965.282.944

85.626.000

4,36%

NATIXIS

507.712.000

21.188.000

4,17%

SOCIETE GENERALE

1.181.400.064

47.100.000

3,99%

ING

1.279.228.032

50.440.000

3,94%

BANKIA

342.846.016

12.493.000

3,64%

CREDIT AGRICOLE

1.723.608.064

49.292.000

2,86%

DEUTSCHE BANK

2.164.102.912

54.660.000

2,53%

DEXIA

412.759.008

-320.000

-0,08%

 

instruments dérivés de couverture

part du bilan

évol 2007-2011

 

2007

2011

 

 

KBC

155.000

1.929.000

0,68%

+1144,5%

BNP PARIBAS

1.261.000

14.331.000

0,73%

+1036,5%

NATIXIS

670.000

3.492.000

0,69%

+421,2%

SOCIETE GENERALE

3.709.000

12.611.000

1,07%

+240,0%

ING

0

17.159.000

1,34%

+171589999900,0%

BANKIA

3.618.000

5.266.000

1,54%

+45,6%

CREDIT AGRICOLE

10.622.000

33.560.000

1,95%

+215,9%

DEUTSCHE BANK

0

0

0,00%

+0,0%

DEXIA

29.218.000

28.298.000

6,86%

-3,1%

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Europe et Etats-Unis : entrée jumelle en récession ?

25 Juillet 2012 , Rédigé par jean-christophe duplat Publié dans #Economie

L’activité globale dans le secteur privé de la zone euro s’est contractée en juillet pour le sixième mois consécutif.

Juste reflet de la structure économique européenne, seul le secteur des services progresse, pour passer de 47.1% à 47.6% sur un mois, mais reste en territoire récessif.  

Les secteurs de l’industrie et de la production touchent des points bas qu’ils n’ont pas touchés depuis plus de 3 ans.

Tous les indices sont sous le seuil des 50 points, qui signale une contraction de l’activité.

 

Couplés à un taux de chômage en progression  - 11.1% - et un climat des affaires se dégradant, ces indices ne nous présagent rien de bon en matière de relance d’activité economique.

 

  

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Aux Etats-Unis, la production manufacturière, synthétisée par l’ISM manufacturier, a presque toujours donné un signal de récession, lorsqu’elle est passée sous ce seuil de contraction des 50 points.

 24072012-ISM-2000-2012.png

 

Assimilée à un taux de chômage étant allé rejoindre ses plus hauts lors de l’éclatement de l’actuelle crise du crédit, avant de revenir tester un support, en stagnation autour des 8.2% depuis plus de 6 mois, la situation de recul économique se précise.

 

240712-UNRATE_Max_630_378.png

 

Si ce taux de chômage évolue à la hausse dans les prochains mois, et qu’il est établi que le taux actuel est un plus bas temporaire, sa remontée – qui a toujours précédé une entrée en récession, en grisé dans ce graphique – nous confirmerait bien ce sentiment de recul du PIB.

 

 

 

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Taux d’intérêts négatifs et negative carry : la seconde mort du système bancaire

19 Juillet 2012 , Rédigé par jean-christophe duplat Publié dans #Macro-économie

Les émissions d’obligation à taux négatifs se multiplient.

Plus la cause-racine de la crise tarde à être attaquée, et même peut-être résolue, plus les investisseurs, dont les gouvernements ont bonne conscience de la réserve constituée par leur taux d’épargne – notez la « meilleure mise à contribution de l’épargne privée » en page 8 de ce plan de relance marginal - , préfèrent perdre un peu de rémunération, et être sûrs de retrouver leur épargne à l’échéance, plutôt qu’accepter un risque non mesuré d’investissement en le plaçant dans un actif à risque.

 

Ce changement de la donne va accélérer la chute des marges bancaires, qu’elles tentent tant bien que mal, et avec de l’argent qu’elles n’ont pas,  de restaurer,  et va les forcer à devoir trouver un nouvel angle d’attaque pour une stratégie commerciale.

 

Auparavant, lorsque l’argent placé en banque s’appréciait au fur et à mesure que le temps passait, puisque le taux d’intérêt était supérieur à l’inflation, et que la défiance envers le système communautariste européen n’était pas de mise, les banques faisaient du profit sur la reprise des montants sous gestion placés à long terme, qu’elles re-prêtaient à court terme, pour profiter de ce déséquilibre, et gagner une marge réelle sur une double utilisation virtuelle de ces fonds.

 

Nous avions déjà à l’époque soutenu que lorsque les établissements financiers concoctaient ces plans – et encore aujourd’hui -  elles devaient signaler à leurs clients épargnants que leur argent allait être re-prêté à des tiers et serait donc indisponible le temps du nouveau prêt.

Un extrait de compte qui montre un solde à 0€ lorsque le client avait déposé 10’000€ par exemple Pas très confortable pour le banquier, mais efficace pour lutter contre l’expansion monétaire virtuelle qui a mené à la fin d’un système.. 

 

A partir de 2007, tout ce montage traditionnel invisible s’est rapidement montré dangereux, la perte de montants parfois significatifs pour les épargnants en termes de pouvoir d’achat, les ayant forcés à utiliser leur épargne pour maintenir un certain train de vie 

19072012-PSAVERT_Max_630_378.png

 

On connaît la suite : pour compenser cette érosion des dépôts, et pour que ces établissements soient capable de faire face à leurs engagements quant aux demandes de remboursement de montants prêtés de multiples fois, les banques centrales sont intervenues.

Et il semble que LTRO1 et  LTRO2 n’aient vraiment pas été suffisants pour y remédier.

 

Dorénavant l’argent perd de sa valeur dès qu’on le place sans s’en occuper activement.

Plus le temps passe, moins les dépôts auront donc de la valeur en taux réels.

Les banques ne pourront pas répéter le scénario du prêt de l’argent censé ne pas être retiré à court ou moyen terme, pour le remettre en circulation à court terme, et vivre sur le différentiel de taux.

 

Elles vont maintenant, pour être capable de redresser ce déséquilibre et pouvoir retrouver une rentabilité à court terme, devoir conseiller à leurs clients de vendre leurs actifs, et donc accélérer le deleveraging en cours, pour obtenir du cash à court terme qui va leur permettre de combler la perte de revenus. En d’autres termes, elles vont devoir adopter une politique qui mènera à un appauvrissement global du système.

Nul doute que, comme cette politique commerciale n’aboutira pas, la banque centrale prendra alors un rôle encore plus…central en leur prêtant aussi à des taux d’intérêt négatifs.

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Bank-Run à la BCE

13 Juillet 2012 , Rédigé par jean-christophe duplat Publié dans #Macro-économie

La BCE a baissé ses taux la semaine dernière. Ceci implique également qu'elle ne rémunère plus les dépôts "traditionnels" des établissements bancaires, qui obtenaient auparavant un rendement de 0.25% pour de l'argent qu'ils retiraient gratuitement. 

 

Depuis cette opération, la BCE a vu s'envoler 484 Milliards € de dépôts. Un Bank-Run à l'échelon européen.

ZIRP-20ECB-202_0.jpg

Quels arbitrages les banques ont-elles pu opérer ?

 

Un placement liquide, plus ou moins sûr, plus ou moins long.

 

Probablement pas les marchés actions, toujours en proie à un grand marché baissier qui perdurera les 3 prochaines années.  Le risque est trop important.

 

Le marché des obligations ?  A court terme, l'Allemagne se finance à des taux négatifs, c'est-à-dire que l'acheteur de ces emprunts accepte de perdre une partie de son capital en échange de la sécurite d'être remboursée à l'échéance.

Les emprunts des pays du Sud de l'Europe offrent un beau rendement, mais la volatilité et le manque de crédibilité des solutions politiciennes pour véritablement les sortir de la crise empêche tout investissement raisonnable.

La qualité de la dette italienne a d'ailleurs été  dégradée de deux crans cette nuit, et nous avions vu auparavant que, derrière un écroulement de la dette Italienne, se cache la France..

 

L'or ? Il n'est pas question que les banques mettent le feu aux poudres ; le programme d'inflation par la monétisation des banques centrales  viendra bien assez tôt pour faire retrouver à la relique barbare ses plus hauts historiques . D'autant plus qu'on apprend aujourd'hui que la banque centrale...chinoise s'apprête à lancer le même programme occidental de soutien de l'économie par injection de monnaie ! 

Le soutien d'une croissance artificielle a décidément les pleins pouvoirs aux yeux des autorités.

 

Les obligations long terme sont alors celles qui offrent le rendement le plus alléchant. Malheureusement, plus le risque est modéré et plus il y a de monnaie  dans le système- émise sans contrepartie, gratuite et à crédit - plus les taux baissent.

C'est ainsi que depuis la mi-2008, le rendement du 30 ans américain est passé de 6.5% à 3%.

Nous reste donc  à voir si la prochaine émission d'obligations à 30 ans par le trésor américain sera marqué d'un volume exceptionnel.

 

 

 

20120713.gif

 

 

 

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Manipulation du LIBOR et cartel bancaire

9 Juillet 2012 , Rédigé par jean-christophe duplat Publié dans #Economie

Le LIBOR (London Interbank Offering Rate), probablement le taux le plus important au monde puisqu’il fixe notamment le taux auquel les banques se prêtent entre elles, s’est vu confirmer les soupçons de manipulation qui courent depuis au moins 5 mois.  

 

Barclays, qui a très vite accepté l’amende de 452 Millions USD que les régulateurs américains et anglais lui ont infligée,  est maintenant considérée comme le seul responsable d’une nouvelle dérive financière et fait office de « mouton noir » pour les autres, qui n’ont évidemment rien à se reprocher, et assurent que ce scandale ne dépasse pas la Manche .

Nous avions vu précédemment que toute crise intensifie cette chasse aux sorcières et le fait de trouver une tête de turc permet à beaucoup de s’affranchir de leurs responsabilités.

 

Car il est important de savoir que le LIBOR est fixé tous les jours ouvrables à 11 heures du matin par des estimations de taux fournies par…16 banques internationales. Une manipulation de ce taux ne peut donc être un acte "isolé".

 

20120708_libor_0.png 

 

Nous sommes curieux de voir si certains établissements, et principalement ceux qui nous ont habitué à sentir le soufre dès l’apparition d’une bulle ou d’une crise – Crédit Suisse, Société Générale, UBS, Citi, etc. -  seront renseignées dans ce cartel mondial des banques. Et de voir les réactions des organisemes de contrôle.

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Des nouvelles de la conjoncture italienne

4 Juillet 2012 , Rédigé par jean-christophe duplat Publié dans #Macro-économie

 L’Italie a réussi à financer un emprunt de 9 milliards d’euro à 6 mois, à un taux de 2.96%. Soit près de 6% en rendement annualisé.
Vendu comme un grand succès, cet emprunt a été sursouscrit 1.61 fois par des établissements financiers qui, rappelons-le, empruntent sans limite à la BCE à du 1% et tentent de cette façon de se refaire des marges, avant de rembourser les aides et autres subsides d’état qui ont servi à leur éviter la faillite.  
Il est quand même étourdissant de constater que, après la Grèce, l’Irlande,  le Portugal et l’Espagne, l’Italie emprunte pour 6 mois à un taux identique aux emprunts américains qui eux, portent sur…30 ans !
Un constat basique, mais qui contraste singulièrement avec les discours tellement ressassés de fin de crise, ou d’une zone euro qui serait définitivement sauvée.  
La Banca Monte dei Paschi, la plus ancienne banque du monde (1472), malgré le tapis rouge déroulé devant le distributeur de la BCE, a dû se résoudre à faire intervenir le contribuable dans son sauvetage : l’état italien va injecter 3,4 Mia€ (à crédit) dans cette banque afin de lui permettre d’attendre les résultats d’un plan social qui porterait ses fruits en 2015..
L'on teste ici les limites du LTRO, la "politique accommodante" de la BCE, qui en prêtant aux banques pour qu'elles rachètent des emprunts d'état toxiques, accélère leur exposition à la crise de la dette ! 
Un choix de sauvaetage étatique, qui lui permet de ne pas faire empirer les chiffres du chômage italien, l’Istat (www.istat.it) ayant annoncé un taux d’inoccupation de 10.1% pour le mois de mai.
Enfin, coup de ciseau final de l’étranglement par la dette cumulé à une baisse des recettes, le déficit italien en pourcentage du PIB, a été annoncé ce matin à 8% - revu à la hausse par rapport aux 7% précédents – principalement pénalisé par un renchérissement de 16% du coût de la dette, apparemment imprévu… 
Malgré cela, le gouvernement italien continue de prévoir un déficit à 1.7% pour l’ensemble de l’année 2012…La magie de la « barrière de papier » du déficit toléré par les autorités européennes continue d’opérer.
 C’est d’ailleurs pour cette raison que l’inscription dans la constitution  d’une interdiction de déficit ne fonctionnera jamais. Il faudrait plutôt empêcher toute prise de nouvelle dette par les états européens.
.
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