Baisse de l'or, surévaluation des marchés
On a déjà beaucoup disserté sur les causes de la soudaine baisse du cours de l'once d'or et la rupture de son canal ascendant : l'économie chinoise qui ralentit, le rapport de Goldman Sachs - baissier sur l'or - paru quelques jours auparavant et qui aurait été promu afin de mettre en difficultés un hedge fund "ennemi", l'interventionnisme étatique sur le Comex, obligeant les acteurs de ce marché à couvrir leurs positions de 100% supplémentaires à partir du lundi 15 avril (justement le jour de la perte de 200 USD sur l'once), de la même manière qu'ils l'avaient déjà manipulé par le passé pour enrayer la hausse de l'argent il y a quelques mois, etc
D'autre part, certains énoncent la vente des 10 T d'or de Chypre pour rembourser sa dette comme une possible catastrophe. Il ne faut d'abord pas croire que ces 10 tonnes d'or vont influencer le marché d'une quelconque façon : d'abord, les Asiatiques achètent plus de 500 tonnes d'or par an, soit presque 2 tonnes par jour. Ensuite, sur un plan macro-économique, aucune personne sensée ne laissera jamais vendre cet or par une banque centrale dont la monnaie, l'Euro en l'occurrence, est en difficulté.
Si Chypre doit un jour sortir de la zone Euro, elle aura fortement besoin de s'appuyer sur sn stock d'or pour donner une contrepartie à sa nouvelle monnaie.
A moins que, dans notre hypothèse de sortie de l'Allemagne de l'eurozone afin de laisser une "bad zone" qui aurait tout pouvoir pour dévaluer sa monnaie (l'euro actuel), la BCE ordonne aux banques centrales de ces pays faibles de vendre leurs réserves d'or aux banques centrales des pays forts, qui alors pourront apporter en garantie tout cet or - dont l'achat aura en outre réduit la dette des pays sinistrés - en échange du lancement du nouveau Mark.
Un faisceau de raisons qui justifient la sortie d'une zone de surachat pour l'or. Nous avons connu un phénomène de même ampleur en août 2011, sans que personne ne s'en émeuve.
Du coup, les marchés boursiers, que nous aimons toujours comparer au prix de l'or, reviennent aussi en zone de surachat, le retour sur plus de 10 onces pour acheter le Dow Jones annonçant une zone de turbulences.
Un bémol à ceci, la consolidation actuelle a déjà permis un refroidissement des turbines du marché : en 1 mois, nous sommes passé de plus de 90% des valeurs qui cotent au-dessus de leur moyenne mobile à 50 jours - toujours indicateur de plus haut boursier- à moins de 60% de ces valeurs. La consolidation se passe pour le moment dans le calme, donc.
Bitcoin, une nouvelle bulle
Pour reconnaître la formation d'une bulle spéculative, il faut observer (i) un cours qui monte de plus en plus vite et prend la forme d'une courbe parabolique, presque verticale, (ii) qui se déconnecte de tout élément rationnel et des normales historiques (quand il y en a) et (iii) une activité ou un volume d'échanges hors-normes sur les marchés.
C'est ainsi que par le passé, nous avons vécu la bulle internet, qui a duré un couple d'années
la crise du crédit des particuliers, entamée aux USA, dont durée de formation : une vingtaine d'années.
L'on voit clairement qu'elle continue de se développer, malgré la grosse artillerie de de "deleveraging" mise en place par les banques centrales.
Et maintenant, le Bitcoin, cette monnaie virtuelle qui n'est pas émise par une banque centrale.
Son seul tort est probablement d'être adossée à des monnaies réelles, émises sans contrepartie et multipliées sans remords par l'action des banques centrales, donc décrédibilisées.
Marchés et économie réelle : la grande déconnexion
Nous avons déjà insisté sur le fait que le "carburant" qui fait progresser les marchés actuellement est surtout le fait d'une injection abondante de liquidités - le Quantitative Easing" - par la FED, la BCE et la BoJ notamment.
Ceci se voit clairement sur le total de bilan de la Fed, qui a quadruplé depuis le début de la crise, mi-2007.
L'injection correspond précisément à l'inflexion des marchés, dont on sent encore les effets aujourd'hui. Le Dow Jones culmine en effet à ses plus hauts historiques.
La courbe boursière n'est donc plus en phase avec l'activité réelle des entreprises, comme elle l'était par le passé, depuis cet interventionisme massif.
C'est pour cela qu'il ne faut pas prétendre , comme il se dit dans certains milieux gouvernants, que le retour de la croissance est bien là et que les entreprises sont revenues à des niveaux de croissance et de profits d'avant-crise.
Voici la croissance du PIB, du "Chiffre d'affaires" des Etats-unis, comparé à l'évolution du SP500, et d'autre part la corrélation entre la hausse des marchés et le "stock" de monnaie de la banque centrale.