USA : la bulle obligataire et dérapage budgétaire incontrôlable
Le simple fait d’évoquer une diminution du rythme d’injection de monnaie dans l’économie américaine via une nouvelle arme, le « tapering » a suffi à ébranler les marchés.
La conséquence de ce genre de sortie est une bonne mesure de la déconnexion entre les marchés et l’économie réelle.
Comme anticipé depuis des mois, le fait de fermer le robinet des liquidités va faire augmenter le loyer de l’argent. Grosse déception pour les porteurs d’obligations, qui se sont entêtés à occuper ce créneau d’investissements : l’augmentation du rendement implique un désintérêt pour les obligations émises à faible taux et un effondrement de la valeur faciale de ces titres.
Rappelons tant que nous y sommes que la Fed rachète 85% des obligations que le trésor américain émet ; La hausse des taux actuels se fait sentir malgré cet interventionnisme aigu de ce « market maker » particulier. La Fed n’arrive donc pas à changer
Dans le budget 2013 des Etats-Unis –– il était prévu une charge financière de 222.8 Mia USD pour le financement de sa dette.
Rapporté à une dette de 16'000 Mia USD, cette charge financière a donc été calculée à un taux de 1.4562%, le taux de décembre 2012.
Aujourd’hui, les taux dérapent. Le coût de la dette américaine est en trains de doubler, pour occuper 10% de ses charges totales.
Les Etats-Unis devront rembourser 420 Mia en intérêts au lieu des 223 escomptés. Chaque hausse de 1% va augmenter ces dépenses de 160 Mia USD.
Pire encore, ce taux à 10 ans menace à présent de sortir par le haut du canal dans lequel il s’était engagé depuis 25 ans.
La Fed va probablement devoir calmer le jeu et renoncer à son opération de « tapering », pour éviter aux finances américaines de sombrer. Où en est-on arrivé ?!
Evolution de la notation des dettes souveraines
Un tableau d'Olivier Berruyer qui nous montre la lente dégradation de l'ensemble des dettes souveraines.
Ce détail nous montre, outre la surnotation de certains pays pendant des années, la lenteur à les dégrader : pour une crise de dette ayant montré ses premiers symptômes en juin 2007, il a fallu attendre 7 trimestres pour entamer cette révision à la baisse des notations.
Et l'on peut déjà deviner que 40 ans de laxisme budgétaire public finira par amenerr tous ces pays dans la zone grise.
Bpost entre en bourse. Analyse.
Bpost, le service postal belge, va entrer en bourse.
Un fonds, CVC Capital Partners, qui détient 49.99% du capital, va en effet mettre sur le marché 47 millions, ou 23.5% des actions (+4.5% si la demande est forte) à un prix compris entre 12.5 et 15€ par action.
L’état belge qui détient les autres 50.01% du capital ne se défera d’aucune de ses actions lors du lancement de cette offre publique.
Sur base de ces chiffres, l’IPO s’élèverait à un montant compris entre 587,5 Mio et 1.05 Mia €.
La valeur de 100% des titres de Bpost serait donc évaluée dans une fourchette oscillant entre 2.5 Mia et 3 Mia €. Ce montant équivaut à 5 fois les fonds propres de Bpost et presque 18 fois son bon résultat 2012.
Rappelons que CVC a acquis ces 49.99% en 2005, aux côtés de la poste danoise, via une augmentation du capital de Bpost de 300 Mio€.
A défaut d’alternative de placement, les rumeurs relayées par les 10 banques dont l’intérêt majeur est de placer ces titres, vont bon train sur une « forte demande ». Le haut de la fourchette, 15€ par titre, correspondrait au prix de lancement.
Nous avons d’abord parcouru le prospectus, qui relate certaines choses intéressantes, comme la revente en janvier 2013 de l’activité « document management » (donc notamment le marché porteur du système de facturation électronique) par la filiale Certipost, qui garde néanmoins ses activités de certification électronique, mais se sépare d’une activité rentable.
Quant à la présentation des comptes, nous avons trouvé des éléments qui nous troublent toujours, comme (i) une réduction de capital - et donc un affaiblissement des fonds propres - de 220 Mio€ effectuée en septembre 2012, ou (ii) un retour aux bénéfices en 2012 (172 Mio €) totalement amputé dans les comptes par une distribution de dividende de 198 Mio €, soit 115% du résultat 2012.
Autant dire que Bpost a contribué au maximum de ses capacités à l’assainissement budgétaire partiel de la Belgique, et au remboursement du prix d’acquisition de la participation de CVC Capital Partners. C’est ce qui vaut aussi à Bpost de se positionner comme valeur de rendement, escomptant la distribution « d’au moins 85% de son bénéfice net annuel ».
Voici enfin les éléments les plus révélateurs après une analyse du bilan IFRS.
Ceux qui nous suivent, auront certainement noté que, outre la CB/FP de 5 et le Per supérieur à 17, un ratio EV/Ebit élevé, à plus de 5, n’offre pas de garantie suffisante pour assurer une hausse du cours à long terme.
En bourse de Bruxelles, Picanol (3.3) et Jensen Group (4.5) , ou encore sur le marché français, Aquila (3.9), acteur dans la sécurisation à l’instar de Certipost, offrent de bien meilleures perspectives de placement sécurisé.
Ventes au détail en baisse, quel impact sur les marchés ?
L'administration américaine vient de publier les chiffres de consommation des ménages, et soutient qu'ils sont en croissance sur un mois glissant, malgré le fait que pour dépenser, les américains ont dû puiser dans leur épargne.
Pourtant, lorsque l'on analyse la tendance actuelle sur une échelle plus longue, force est de constater que la configuration actuelle de la consommation des ménages présente des similitudes avec deux périodes antérieures, 2001 et 2007. Une configuration qui avait à chaque fois présagé une entrée en récession (en gris).
Lorsque l'on rapproche cette propension à consommer avec l'évolution des marchés financiers, force est de constater qu'il existe une corrélation assez forte entre ces deux courbes : en 1999, la consommation des ménages avait décéléré un an avant la chute des marchés. En 2006, le pic de consommation précédait la baisse des marchés de 19 mois.
Par contre le dernier pic de consommation date de juillet 2011, et 22 mois plus tard, les marchés ne corrigent pas encore très significativement, malgré quelques signes de surchauffe.
Manque donc la précision à ce signal de sortie des marchés, surtout depuis que les marchés sont biaisés par une impression d'argent à outrance qui l'empêche de fonctionner correctement.
Le PCE, un autre indice de consommation, montre des similitudes avec le RSAFS, quant au rallongement du délai entre le pic de consommation, et le déclin des marchés, presque immédiat en 1999 mais tardant à se faire suivre dans un marché porté à bout de bras par des mesures artificielles de soutien, à défaut de solutions de fond.
Un bon signal de prudence en tous les cas.