Invitation de la BCE à la déflation: actions à prendre en entreprise
En janvier 2012, nous signalions que la lutte statutaire de la BCE contre une inflation supérieure à 2% était malsaine et précipiterait l’économie européenne en récession longue. Il semble que ce combat n’ait plus de raison d’être aujourd’hui puisque le BCE a fait le lit d’un environnement déflationniste. Les dernières statistiques montrent une inflation à la croisée des chemins, à 0.3%
La déflation, c’est donc le pire des scénarios pour l’économie des entreprises, avec :
des consommateurs qui attendent avant d’acheter puisque les prix baissent continuellement,
des stocks d’entreprises réglés à la baisse puisque les réflexes d’achats sont différés,
des marges en recul puisque l’on produit avec les coûts d’aujourd’hui ce que l’on vendra moins cher demain,
des résultats financiers très en recul impactés par un différentiel de taux très élevé entre le taux réel des emprunts bancaires et le taux nominal auquel empruntent les banques, etc
Avec les conséquences que l’on imagine sur l’emploi et les faillites d’entreprises.
Que doit dès à présent faire le dirigeant pour appréhender ce scénario qui lui arrive ?
- Analyser l’opportunité de vendre ses actifs immobiliers, pour refaire de la trésorerie, grande gagnante d’un univers déflationniste, et les reprendre en location, puisque les loyers indexés ont toutes chances de baisser à l’avenir ;
- Gérer le stock en flux tendu, et surtout changer la méthode d’évaluation du stock, pour privilégier le LIFO, par lequel la valorisation du stock se fera à un prix décroissant, préservant les marges ;
- Renégocier et tenter de rallonger le remboursement de la dette existante, puisque l’argent perdra de la valeur au fur et à mesure du temps ;
- Contracter de nouveaux emprunts à taux variable, et oublier la notion de taux fixe
On le voit ,l’actif du bilan va tendre à devenir très court-termiste, très liquide, pour se présenter comme une pyramide inversée, avec peu d’immobilisations, un stock moyen, des créances que l’on espère maintenues, puis beaucoup de trésorerie.
Indicateurs Markit : signes de récession
L’indicateur composite de Markit, qui donne une idée des perspectives d’activité, de la confiance qu’ont les entreprises européennes dans le retour à la croissance qui retrouvait des couleurs depuis le début de l'année, recule à nouveau depuis 2 mois.
Entre fin août et fin septembre, les deux économies européennes les plus dynamiques, l’Irlande et l’Espagne (tiens, les deux pays présentés comme faibles en 2008 et qui ont, eux, laissé l’économie jouer en laissant tomber certaines de leurs banques) sont passées de 61.8 et 56.9 d’indice de confiance, à respectivement 60 et 55.3. L’Allemagne suit à 54.1.
La France et l’Italie terminent le peloton avec des indices de récession : 49.5 en août pour la France, pour 48.5 en septembre, l’Italie passant de 49.9 à 49.5.
Faisceau concordant, la BCE qui était prête le 18 septembre à « offrir » 400 mia € à taux 0% aux banques si et seulement si cet argent était réinjecté dans les prêts aux entreprises, et non dans les kits de survie des établissements financiers, n’a trouvé preneur que pour 82.6 m€.
Pour les banques, l’essentiel de l’économie est ailleurs que dans les entreprises, et surtout réinjecter de l’argent ainsi reçu gratuitement dans l’économie serait source d’inflation, qui détériorerait davantage et très rapidement leurs bilans.
Agir comme ceci, c’est le choix unilatéral de rester dans un cycle déflationniste.