Retour de l’inflation : juste un effet collatéral de l’euro faible
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L’inflation redevient positive en zone euro… une nouvelle largement relayée et qualifiée d’ excellente par tous les media, car elle signifierait la reprise de la consommation, notamment portée par la baisse des prix du pétrole.
Dans ces media, visiblement personne pour se dire que la manipulation des devises par les banques centrales – implicitement autorisée depuis le sommet de Jackson Hole en août 2014 pour tenter de redonner de la compétitivité à l’une ou l’autre économie - est une pièce maîtresse dans le retour d’inflation actuel. Une inflation importée, donc.
Ces derniers mois, pour faire face à une dépréciation du dollar – qui n’arrivera pas à parité avec l’euro et qui devrait, sans interventionnisme à outrance, rejoindre les 1.20 - , de nombreuses sociétés exportatrices américaines pour lesquelles l’Europe représente un segment de marché important, ont dû significativement augmenter leurs prix pour conserver un rapatriement de résultats constant, aux fins de neutraliser l’effet de change défavorable.
Ces annonces se lisent pourtant tous les jours, dont les dernières pour Reichhold, Celanese, Oxea, Coca-Cola, Ansell, etc etc
Mini Krach Obligataire, feu de paille ?
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Nous avons assisté ces derniers jours à un mini krach obligataire, avec une soudaine tension sur les taux. Le taux 10 ans allemand qui était à 0.05% la semaine dernière, se retrouve ar exemple à 0.58%.
Cependant, cette brutale chute des prix des obligations n’a profité à aucune autre classe d’actifs. En d’autres termes, les opérateurs qui sont sortis du marché obligataire n’ont pas réinvesti cet argent dans d’autres actifs. En outre aucune résolution de la crise qui dure depuis 8 ans n’est en vue, hormis l’achat de temps et d’obligations par la BCE.
Nous devrions donc revoir ces taux rejoindre les niveaux historiquement bas auxquels ils se traînent depuis des mois.
Nous entendons d’autre part que la BCE pourrait revoir son objectif d’inflation à 4% au lieu de 2% actuellement, se rendant manifestement compte que le pilier de son existence, la maîtrise de l’inflation, est un agissement délétère dans les conditions actuelles.
La bourse par les bulles
- La Bourse chinoise qui fait +100% en seulement 9 mois, malgré des indices conjoncturels se dégradant trimestre après trimestre ;
- les IPO de biotechs qui se multiplient à des prix affolants (Summit Therapeutics et Cellectis entre autres)
- l’IPO de Etsy, très significative sur la zone de candeur actuelle des marchés américains, avec une valeur qui double de prix à son premier jour de cotation portant sa capitalisation à 3,5milliards USD… pour 195 millions de chiffre d’affaire et des résultats tant d’exploitation (-6mio) que net (-15mio) dans le rouge..
- L’intensification des OPA, avec notamment le déroulement très démonstratif de celle-ci :
02/2012 : Retrait (et squeeze-out, expulsion des minoritaires) de Omega Pharma de la cote bruxelloise suite à sa reprise par son management et un fonds (50/50) pour 36€ par action, soit un peu moins d’1 mia€ (100% cash)
11/2014 : Revente de Omega Pharma à Perrigo pour 3.6mia € (75% cash, 25% actions Perrigo)
08/04/2015 : Mylan lance une OPA sur Perrigo pour 29 mia USD (30% cash, 70% actions), offrant une prime de 26% sur le dernier cours
17/04/2015 : Teva fait une offre de 40 mia USD (50% cash, 50% actions) sur Mylan, proposant par là une prime de 48% sur le dernier cours.
Tout ceci nous démontre que la surchauffe est bel et bien visible à l’analyse des marchés. Particulièrement du côté américain où cette surchauffe ne s’accompagne d’une augmentation ni des ventes au détail ni de la production des entreprises, bien au contraire. Le ralentissement de ces 2 indices, à mettre sur le compte d’un dollar fort et de la tentative de la FED de réduire l’injection de liquidités sur les marchés, ne présage rien de bon et intensifie le grand écart qui s’effectue entre économie réelle et marché.
Du côté européen, nous avons probablement encore quelques semaines voire des mois à suivre une tendance haussière. Nous sommes effectivement dans une situation historique, unique par la conjonction de taux à 0% voire négatifs, d’un euro faible , et des prix du pétrole au plus bas. En plus du robinet de liquidités ouvert au maximum par la BCE, ces éléments s ne devraient pas signifier une décrue des cours.
22 graphiques pour voir le monde différemment
Vox publie une série de graphiques macro qui permettent de se rendre compte de la vitesse à laquelle le monde évolue, par lesquels on apprend - on visualise, plutôt - que la moitié de la population mondiale habite dans une petite zone du globe, on réalise que l'Afrique est un continent gigantesque, on est sidéré que les USA figurent parmi les 3 derniers pays à ne pas utiliser le système métrique, ou encore que le Royaume-Uni a, tout au long de son histoire, tenté de conquérir 90% des pays qui constituent le monde actuel.
Bonne lecture, excellente introduction à la macro-économie pour nos enfants, sans oublier bien sûr les bases de l'économie racontés tellement facilement par Frédéric Bastiat.
Réévaluation du dollar
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Graphique un peu complexe mais parlant, celui-ci nous devoile l'appréciation du dollar contre les principales autre devises sur 12 mois.
Le USD a donc pris 23.8% sur l'euro sur un an, mais l'euro reste quand même à 64.8% de ses plus bas de 1985 (pour les anciens, le dollar de Reagan avait atteint 80 BEF. C'est 2 € pour 1 USD)
Quant aux exportations américaines vers la Russie, elles devraient pâtir de l'effondrement du rouble.
Nous pensons toujours que le dollar est surévalué et devrait bien vite revenir à 1.20 USD/EUR. Notre sentiment contrarien est renforcé lorsque commencent à fleurir ci et là des prédictions apocalyptiques annonçant 0.80 € pour 1 USD notamment..
1 EUR = 1 USD = 1 CHF
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Dans nos prévisions pour..2011, nous mentionnions la probabilité d’atteindre une parité 1 EUR = 1USD = 1CHF
C’était bien sûr à mettre dans un contexte où le marché était libre, les acteurs libéraux, et n’étaient pas perpétuellement gênés dans leur équilibre par des manipulations et un interventionnisme politiques constants assortis d’effets d’annonce – l’effet parlotte - qui corrompent ces marchés depuis 7 ans et demi.
L’on peut encore voir aujourd’hui le marché se cramponner aux lèvres de la Troïka et des dirigeants grecs, qui vont encore une fois annoncer que l’accord-miracle-de-sortie-de-crise aura été trouvé d’ici la fin de la semaine, avant de repartir plus haut, peut-être une dernière fois avant une correction plus importante. Attention au mois de mars.
Aujourd’hui nous sommes presque à cet équilibre entre les 3 devises.
La parité EUR-CHF - qui s’est apprécié durablement de 20% en 30 secondes en janvier dernier, nous l’avons abordé - est due à la fatigue soudaine de la BNS qui, pendant 5 ans, avait racheté de l’euro pour affaiblir sa devise et permettre au pays rester compétitif, avant de se rendre compte que le poids d’une devise aussi risquée que l’euro, qui constitue toujours 45% de ses réserves de change, devenait un problème beaucoup plus systémique que le seul soutien de sa devise.
Le dollar par contre ne s’est pas spécialement apprécié par rapport à l’euro, ces deux monnaies circulant dans des économies à bout de souffle, mais l’incohérence et le manque de clarté de la politique économique européenne ont eu raison de la plus faible.
A l’époque (1.3384 le 31/12/ 2010) tout le monde préconisait de vendre le dollar, sans aucun avenir. Aujourd’hui, à 1.08 USD/EUR le consensus prévoit une poursuite de la hausse du dollar.. Nous nous méfions de cette forme de pensée unique.
Vu l’importance de leur commerce extérieur, la menace de déflation en Europe fait bien sûr stresser les Etats-Unis sur la qualité et la durabilité de leur propre reprise économique. Ceci justifie une action conjointe de la BCE et la FED pour manipuler le cours des devises en faveur des exportations européennes. Cette première « action coordonnée » vise à redonner un fond de vigueur, et donc un peu d’inflation en Europe.
Mais ceci ne doit pas durer très longtemps car les USA pénalisent leur propre commerce extérieur. Si la monnaie, comme ce fut le cas, s’apprécie de 15% en 10 semaines, non seulement les produits américains devenus chers vont moins s’exporter, mais les bénéfices rapatriés par les multinationales américaines implantées ailleurs que sur leur territoire, vont mécaniquement baisser une fois traduits en USD.
La FED pourrait alors devoir relever ses taux pour freiner l’appréciation du dollar, mais c’est un cas peu probable dans l’immédiat, eu égard aux circonstances de reprise actuelles.
La FED et la BCE devraient donc se concerter - c'est une question de jours - pour faire revenir le USD dans la zone 1.20 USD pour 1 EUR, zone neutre pour les deux économies, une fois la « confiance » revenue en Europe, sur des annonces comme « l’inflation revient sur des plus hauts » etc..
La BCE délègue ses rachats d'actifs aux autres banques centrales
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Après les effets d'annonces ayant inondé les media depuis deux semaines, la BCE a aujourd'hui officiellement annoncé qu'elle rachètera les dettes souveraines qui empoisonnent le bilan des établissements financiers européens, à concurrence de 60 milliards par mois, sur une période qui s'étale de mars 2015 à septembre 2016.
Dans les faits, en observant l'évolution du pied de bilan de la BCE depuis la mi-décembre mois, l'on constate que ce rachat massif d'obligations est déjà venu le gonfler de 130 milliards...
Rappelons que les statuts de la BCE interdisaient ces rachat d'actifs jusqu'en 2011 où, déjà, l'on parlait d'avoir sauvé la Grèce, l'euro, etc. Initialement, la BCE ne pouvait que prêter de l'argent (de la véritable monnaie, pas celle qui, depuis lors est créée ex nihilo) en acceptant ces dettes en collatéral.
Intéressant de noter que, dans le programme de rachat d'actif, la BCE ne consent à racheter que 20% des montants évoqués, en dette souveraine (12 mia/mois), les autres 80% étant à racheter par...les différents banques nationales ! La Banque de Grèce rachèterait ainsi de la dette grecque, la Banque d'Italie de la dette italienne, la Banque de France rachèterait les positions perdantes des banques françaises, etc etc probablement pour ensuite mieux mutualiser les pertes sur les contribuables de chaque pays.
Faut-il y voir une pression de l'Allemagne, actionnaire principal de la BCE avec 26% des parts, devant la France (20%), l'Italie (17%) et l'Espagne (13%) ? Ou une dislocation de l'unité monétaire européenne ? Nous suivrons ceci avec intérêt.
Qui détient la dette grecque ? (update)
La confiscation de l’économie des épargnants chypriotes, toujours durant le week-end, est encore dans tous les esprits. Les Grecs ont retiré 3 milliards d’euros de leurs comptes sur le seul mois de décembre 2014, lançant par là un bank run.
Mises à mal par ces retraits massifs, deux banques grecques auraient déjà demandé à être secourues par le « Emergency Liquidity Assistance » de la BCE. Encore une occasion manquée d’enfin avancer dans la liquidation de cette crise en les laissant tomber en faillite.
Nous n’osons pas imaginer la conséquence supplémentaire de l’abandon du soutien de l’euro par la BNS, annoncé hier – le CHF s’est apprécié de 20% en un éclair, passant de 1.20€ à 1€ ! – et l’annonce de certaines faillites ou mises sous tutelle de certains brokers, comme FXCM, sur ces banques grecques.
Alors, pour mettre à jour ce bilan de 07/2011, passons en revue ceux qui détiennent la dette grecque, victimes de premier rang en cas de défaut et sortie de la zone euro de ce pays – scenario auquel nous ne croyons pas, toujours convaincus que c’est par une sortie de l’Allemagne qu’une solution peut être trouvée -
Les banques allemandes ont 23.5 mia € d’exposition à la Grèce, principalement captée par la banque KfW, qui détient à elle seule ..15 mia d’actifs grecs. Commerzbank et Deutsche Bank suivent de loin avec respectivement 400 et 300 millions.
En France, le Crédit Agricole déclarait en 2014 avoir 3.5 mia€ d’exposition hellénique. BNP Paribas détient 2.0 mia € en dette et actifs grecs.
Fusions-Acquisitions : de retour à des plus hauts en 2014
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En cette fin d’année, et comme nous suivons de près cet indice avancé de l’euphorie des dirigeants et donc d’un point de sortie sur les marchés,nous apprenons que le montant global des opérations de fusions et acquisitions s’est élevé à 3.270 milliards de dollars. C’est une hausse de 40% par rapport à 2013.
Rappelons l’évolution de cette tendance :
2007 : 4'980 mia USD
2008 : 3'000 mia USD
2009 : 2'200 mia USD
2010 : 2'850 mia USD
2011 : 2'750 mia USD
2012 : 2'500 mia USD
2013 : 2'393 mia USD
2014 : 3'270 mia USD
L’on fait directement le lien avec l’évolution des marchés financiers pour les périodes concernées.
Le graphique présente ci-dessus le parallélisme entre l’indice mondial des marchés Bloomberg (trait blanc) et la ligne jaune qui retrace l’évolution de la valeur totale des opérations de fusions-acquisitions.
Notons aussi le redémarrage à la hausse des opérations hostiles, où l’escalade des enchères, - comme on le voit actuellement pour le Club Med - se fait souvent à des valorisations déraisonnables.
Baisse du pétrole : son impact sur le PIB des producteurs
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Ceci, c'est le cours du baril de pétrole américain, de retour vers ses plus bas à 5 ans, lorsque l'explosion de la mèche inflationniste avait annoncé les "printemps arabes" de 2010.
Et maintenant, selon une très sérieuse étude d'UBS l'impact d'une baisse durable de 10 USD par baril en termes d'impact sur le PIB..
Ouch, coup de bambou pour les principaux producteurs, mais vecteur de croissance indirect pour les pays importateurs :
Décroissance de -1.4% pour la Russie, déficit 3 fois plus que celui de ses poursuivants directs, les Emirats et les membres de l'Opep. L'on réalise par ailleurs l'importance de l'exploration pétrolière sur l'économie norvégienne, qui souffrirait d'une perte de -0.4% de PIB, et l'influence d'une baisse du prix du baril sur les frais d'acheminement et d'approvisionnement vers des terres insulaires comme les Philippines..