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La BoJ toujours premier actionnaire du Nikkei225
Comme déjà vu en 2016, la banque centrale japonaise est toujours aussi gourmande de titres.
Outre les bons du trésor qu’elle rachète à tout va, à l’instar de la BCE et de la Fed, elle accumule les actions d’entreprises cotées.
A ce jour, la BoJ est dans le « top ten » des actionnaires les plus importants de 90% des 225 entreprises qui composent le Nikkei.
La banque centrale nipponne continue à soutenir le marché des actions, les rachetant à coup de monnaie juste imprimée, sans contrepartie. Hausse des marchés toujours excessivement artificielle, donc.
La courbe parabolique ci-dessous montre que la BoJ doit agir de plus en plus vite, en injectant de plus en plus d’argent aux fins de nationaliser devenir propriétaire de sociétés cotées.

Même constat de ce côté de la mappemonde , où les marchés volent de record en record, sans montrer de réelle nécessité de faire une pause, nos indicateurs n’indiquant pas encore l’arrivée à court ni à moyen terme de cette baisse , grâce à la seule action (plutôt : le discours) des banques centrales.
La BoJ premier actionnaire individuel du Nikkei !
Le Japon est décidément un laboratoire intarissable d’expériences économiques.
Depuis son by-pass, son court-circuitage de l’interdiction de rachat d’obligations, puis de titres, et puis de produits dérivés , la banque centrale japonaise (BoJ) est désormais première actionnaire de …81 des 225 entreprises qui composent le Nikkei !
On estime le nombre d’actions qu’elle détient à 5% du total des titres en circulation.
En outre, elle détient plus de 60% du total des ETF émis sur la bourse de Tokyo.
Derrière ces opérations de nationalisation de la bourse japonaise, on peut y voir trois choses au moins :
une tentative de compenser les pertes subies sur le portefeuille d’actifs « déliquescents » expurgés du bilan des établissements financiers, par une organisation de la progression des marchés financiers ;
une volonté de protectionnisme des « joyaux nationaux » (Nissan, TDK, Trend Micro, etc)
un transfert du centre de décision économique du gouvernement vers la banque centrale
C’est en tous cas un nouveau désaveu dramatique de la politique économique du gouvernement japonais, qui a perdu la main, et pour la survie du marché en général : raréfaction des titres, manque de liquidité du marché, perte d’oxygène, efficience en berne ..
On peut imaginer ce que la banque centrale européenne sera également forcée de faire d’ici quelques temps, bravant les derniers interdits prévus par ses statuts.
Banques centrales : l’aveu d’impuissance
Nous avons eu droit la semaine dernière à une sortie de Mario Draghi, président de la BCE, qui par une nouvelle joute par les mots a promis à Monsieur le Marché de tout faire pour relancer l’inflation. En assénant ce discours, il reconnaît implicitement que le combat statutaire contre l’inflation que mène la BCE depuis sa création est inutile , la déflation étant beaucoup plus meurtrière que l’inflation.
Au Japon, empêtré dans la déflation depuis 20 ans, la banque centrale est toujours à la recherche du graal pour relancer une économie moribonde. Ils ont beaucoup d’avance sur nous, car ils ont déjà testé tout ce que l’on nous promet comme salutaire : la culture des déficits (prônée par moult gouvernements européens) est parfaite, la dette publique (pourtant en circuit presque étanche, car détenue à 95% par les Japonais) atteint 227% du PIB, les rachats d’actifs fictifs ont plus que doublé le pied de bilan de la banque centrale en 18 mois, les taux d"intérêts directeurs sont proches de zéo depuis 2009, et la énième « politique de relance » prônée par Shinzo Abe a fait en sorte que l’impression de monnaie sans aucun collatéral atteigne..15% du PIB. Un montant abyssal pour une « relance de l’économie » illusoire sur un sol conjoncturel mort. Les bilans de la Fed et de la BCE montrent un effort de relance équivalent à respectivement 6 et 4%, et déjà le moteur de la reprise tourne haut dans les tours pour ne fournir que quelques tours de roues.
Le Japon a néanmoins pour lui un faible taux de chômage, 3.5%, alors qu’on le calcule à 11.5% dans l’Union européenne. La course à la relance risque de tourner court en Europe.
Donc, les Japonais ont tout testé avec une ardeur inouïe et quand même, voilà qu’ils retombent en récession…
La mondialisation des discours bien réfléchis de la relance par l’aide monétaire, du soutien de l’économie, de la relance par les déficits, perdent leur sens.
Alors, il nous paraît utile de signaler qu’il est illusoire de croire que la fuite en avant occidentale peut durer 20 ans puisque le Japon est lancé dans ce contre-la-montre depuis tout ce temps.
Une fois que le Japon va s’avouer vaincu, faire défaut pour restructurer sa dette (227% du PIB), se recentrer sur sa propre économie pour retrouver ses marques et rechercher la croissance sur une base plus modeste, ce sont tous les pays économiquement liés au Japon qui s’effondreront d’un seul coup, ensemble. Il n’y aura pas 20 ans entre ces deux événements similaires. Alors, 2015 ou 2016 ?
Nikkei 1975-2011 : l'investissement "value" grand gagnant
Nous parlions d’investissements « Value » il y a quelques semaines.
Value Partners Group a réalisé un étude sur les stratégies d’investissement sur le marché japonais entre 1975 et 2011, et plus particulièrement 1990 à 2011, soit la période où le Nikkei a perdu 62%, et que les marchés européens , dans l’économie sans relai de croissance que l’on connaît depuis 2007, pourraient suivre.
La procédure est assez simple, et consiste à sélectionner chaque année 4 lots de valeur, présentant chacun les caractéristiques suivantes :
Les plus décotées sur base de la valeur intrinsèque ;
Valeurs de rendement ;
Le plus faible rapport cours-bénéfice ;
Le plus faible rapport cours - cash-flow ;
1 USD investi dans chacune de ces différentes stratégies « value » s’est transformé, au bout de la période analysée en respectivement :
1975-2011
115,98 USD
81,88 USD
433.86 USD
281.49 USD
1990-2011
4.77 USD
4.25 USD
17.17 USD
10.91 USD
Soit des rendements faramineux comparé aux 62.21% perdus par quelqu’un qui aurait acheté un tracker sur le Nikkei sur la même période.
Scénario à la Japonaise : une longueur d'avance
En Europe, plus le temps passe, plus la fuite en avant continue et le deleveraging - nous continuons à croire qu'une faillite des banques en 2008, plutôt que leur renflouement par le contribuable aurait été salutaire pour les finances de l'Etat - tarde à se faire sentir, et plus le scénario à la japonaise d'une longue récession, assortie d'une croissance anémique se précise.
Pourtant l'Etat japonaise est endetté jusqu'au cou sans que cela ne pose de problème. Personne ne parle de faillite chez eux, alors que les ratios d'endettement dépassent tout entendement , à 236% du PIB.
En fait, leurs entreprises exportatrices ont largement financé la balance des paiements depuis plusieurs décennies, ce qui a rempli les caisses étatiques, l'argent gagné à l'étranger finançant l'endettement de l'Etat.
De notre côté de la planète, nous ne bénéficions plus de cet exutoire, ces entreprises exportatrices qui nous sauveraient d'une déliquescence par l'endettement.
Mais ce qu'il se passe actuellement au Japon est très intéressant à suivre, afin d'anticiper ce qui peut se produire en Europe dans les mois, voire les années qui viennent.
Pour encourager les exportations, planche du salut japonais, la Banque du Japon - on l'a vu précédemment - a fait baisser le cours du Yen en rachetant massivement ses devises concurrentes, USD et EUR.
Le Yen a, en l'espace de quelques semaines, perdu 25% de sa valeur.
Tout bon pour doper les ventes de produits japonais à l'export. On repousse à plus tard le problème de l'endettement excessif.
Assorti à cette "mesure de relance", nous avons aussi l'arrivée au pouvoir de Shinzo Abe, fin 2012.
La bourse de Tokyo l'a accueilli avec délice en s'adjugeant 30% de hausse sur 3 mois.
Et pour cause : le programme politique de cet homme prévoit d'ouvrir encore plus grandes les vannes des dépenses publiques et du crédit, en réservant l'achat de 2'400 Mia de nouvelle dette émise en Yen par la banque centrale japonaise.
Cette nouvelle dette représente quand même 40% du PIB, et porterait donc l'endettement du pays à près de 280% du PIB japonais !
Nous trouvons très dangereux ce "coup de fouet" donné à l'environnement économique japonaise et pensons qu'il ne sera encore qu'un coup dans l'eau, puisque tôt ou tard l'équipe gouvernementale se rendra compte que les importations japonaises, qui lui coûteront 25% de plus du fait de la dévaluation déguisée, pèseront très lourd dans les finances publiques, notamment au niveau des achats de matières premières et d'énergie.
Le pas suivant, lorsque le gouvernement sera au pied du mur, consistera donc à générer de l'inflation pour repenser cet équilibre de la balance commerciale.
D'ailleurs, l'or exprimé en yen nous indique bien le sens à venir de cette déconvenue pour les épargnants japonais, actuellement investis massivement en bons d'état, dont rendement 1%.
Il ne faudrait pas qu'ils tardent à quitter ces investissements pour se réfugier dans la seule valeur non multipliable à l'infini.