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Fortis, un dénouement aujourd'hui ?

11 Février 2009 , Rédigé par jean-christophe duplat Publié dans #Marchés financiers

C’est aujourd’hui que les actionnaires de Fortis devraient approuver ou non la vente de 75% de Fortis Banque Belgique et 54% de Fortis Banque Luxembourg, comme décidé dans l’urgence par le gouvernement belge début octobre 2008.
Rappelons que le gouvernement a donc swappé cette participation contre une prise de participation de 11% dans la banque française, tandis que l’action était à 68 EUR.
Elle cote ce jour autour de 29 EUR, et BNP-Paribas n’a pas (encore) fait appel au marché pour augmenter son capital. L’Etat belge détient donc toujours 11% de son tour de table.

Voici le parcours du titre BNP-Paribas ces derniers mois :
 


Il va sans dire que BNP-Paribas, qui voulait profiter du rachat de Fortis pour mécaniquement augmenter son ratio Tier-one (voir explication de ce ratio plus bas), n’aura probablement pas d’autre choix que de se tourner vers la marché d’ici peu. Diluant par la même la participation de l’Etat belge.
Pourquoi ? Parce que la reprise de 75% Fortis Banque et de 100% Fortis Assurances (réduit à 10% dans le nouvel accord du 02 février) devait lui faire gagner 0.35% - 35 points de base – en terme de rentabilité sur capitaux propres. Mais comme Fortis Banque a entretemps annoncé des pertes plus importantes que prévues, actant des réductions de valeur supplémentaires pour 6 Mia EUR, cet effet sur le Tier One devrait être proche de zéro, voir même négatif, si l’aide française accordée aux banques bénéficie également à BNP-Paribas, avec une spirale baissière qui pourrait s’installer.

L’affaire est devenue très politique, et je n’évoquerai pas tous ces détails, les médias en font leurs choux gras, montrant parfois les limites du « nouveau journalisme » d’ailleurs.

Avec le recul, il faut quand même se rendre compte que, au sortir de ce week-end d’octobre, Fortis Holding a été sauvé de la faillite par l’argent du contribuable, via le gouvernement, qui a fait du portage de la participation Fortis Banque pour la revendre ensuite à BNP-Paribas.
A un mauvais prix, probablement, avec de sérieux espoirs de dividendes (le fameux coupon 42 qui pourrait consoler les actionnaires) – une chimère,  je doute vraiment que les banques retrouvent un jour leur niveau d’avant-crise ni qu'elle reprennent un rôle économique aussi important qu'elle ne l'ont pris jusqu'à présent.

Mais faut-il blâmer l’action gouvernementale ? Sa marge d’action n’était en effet pas vaste. De la même manière qu’un chef d’entreprise préférera vendre son matériel de production pour respecter une échéance et éviter la faillite pure et simple de son entreprise, quitte à diminuer sa production et régresser, le gouvernement en avait-il vraiment le choix ? D’autant que pour lui, injecter de l’argent public dans une banque valait mieux qu’un bain de sang social, Fortis étant l’un des plus gros employeurs du pays.

Surtout, n’est-on pas en train de se fourvoyer, en analysant à froid, avec tout le recul qui en découle, cette décision qui a dû se prendre dans l’urgence, donc sans possibilité d’analyse ou de contre-expertise ?
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